A tree of Palme

Akira. Nausicaa. Deux noms qui ont marqué tous les amateurs de japanimation. Deux noms qui apparaissent sur le curriculum vitae de Takashi Nakamura. Animateur depuis quarante ans, cet homme de l’ombre a réellement connu la lumière avec A tree of Palme (パルムの樹, Palme no Ki en version originale). Univers atypique, design très typé, directeur au prestigieux passé, il n’en fallait pas tant pour aiguiser notre curiosité. En revanche, cela a suffit à nous l’émousser…

Les premières minutes du film en perdront plus d’un. Une femme se débarrasse de ses poursuivants en plein désert, s’autorisant ainsi de colorer le sable en rouge ; une marionnette prenant vie au milieu d’une faune parfaitement inconnue ; un vieil homme vidangeant ses machines. Le spectateur se retrouve très vite perdu pour finalement saisir que l’histoire est centrée sur les déboires du jeune Palme, ladite marionnette, dont la maitresse est décédée plusieurs années auparavant. Fait d’une écorce tout à fait exceptionnelle, il est capable de prendre vie et d’opter pour un comportement proche de l’humain. Son destin va être chamboulé lorsque Koram, la femme précédemment aperçue, lui confit un œuf, le quêtant de l’apporter à la ville souterraine de Tamas. Son créateur et père succombant à des blessures, Palme se met en route pour Tamas. En chemin, il va rencontrer une pléthore de personnages, tous bien singuliers, des enfants abandonnés en passant par Shatta l’enfant bleuté, sans oublier Popo (Mina en VF) dont il s’amourache. Son périple l’emmènera vers les tréfonds du monde, seul endroit où se tient Soma, l’arbre-dieu, capable de le transformer en véritable petit garçon…

Ce qui étonne de prime abord dans cette réécriture du conte de Pinocchio tient dans son univers : il contient ses propres codes, règles et créatures. Pas une ne passe inaperçue, que ce soit Baron le dragon-corbeau ou les …, abominations effrayant les plus courageux des combattants lorsqu’ils sont nombreux. L’immensité désertique des décors laisse également une impression de sécheresse et de tristesse qui ne trompe pas : A tree of Palme ne se veut pas joyeux. D’autant que les histoires des protagonistes n’ont rien de très engageantes. Pu, Mu et Roualt vivent dans un bastion abandonné, au milieu d’autres orphelins. Shatta est à la recherche de sa mère et de ses origines. Popo, considérée comme un boulet par sa mère, est trainée plus bas de terre. Difficile donc de voir ne serait-ce qu’une bribe d’espoir dans ce monde aussi sec. Palme constitue le réel moteur du groupe, découvrant petit à petit des éléments importants dans sa vie (son amour pour Popo) et aimant rappeler que son humanité se trouve au bout du chemin. Ceci se fait d’ailleurs au travers de son comportement pour le moins incohérent.

Entre sauts d’humeur et actes inconsidérés, Palme reçoit sans conteste la palme (oh oh) du personnage le plus énervant du film. D’autant qu’il résume bien ce que l’on peut penser de l’œuvre dans sa globalité : recherché et original, mais ennuyeux et incohérent. A Tree of Palme a beau offrir au spectateur un paysage tout à fait inédit, il n’en utilise finalement pas énormément les ficelles. Le scénario est aussi bien ficelé qu’il est mal raconté. Malgré ses 2h15, l’œuvre s’oblige des ellipses narratives qui nous perdent tant le lien d’un décor à l’autre ou entre diverses situations ne paraît pas évident. Le nombre également trop élevé d’histoire annexes et de personnages fait qu’il est difficile de réellement s’y attacher. Au point qu’il est aisé de papilloter des yeux à mi-parcours, avant de se perdre dans une fin où l’influence d’Akira en amusera très certainement plus d’un.

A Tree of Palme peut dire merci à son intrigant univers et à son réalisateur, sans eux il n’aurait très certainement pas accaparé nos lecteurs DVD – à défaut d’avoir connu une diffusion en salles françaises. Malheureusement, sa profusion de personnages, son design assez grossier – bien que rappelant par instant celui de Fantastic Children, du même réalisateur – et sa narration en réelles dents de scie font qu’il est difficile de réellement le conseiller. Les plus curieux pourront tout de même y jeter un coup d’œil, pour leur culture, car l’histoire est suffisamment intéressante pour rester éveillé jusqu’au bout. Il ne faudra toutefois pas s’attendre à un chef d’œuvre de l’animation japonaise. Vous êtes prévenus.

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