Comme chaque année, l’heure du bilan est arrivée. Chaque année, j’aime regarder derrière et voir comment mes habitudes de jeu ont changé. Et comme chaque année, je vois que ça n’a pas changé. En relisant mes bilans 2011 et 2012, je me rends compte qu’ils se recoupent sur beaucoup de points. Il se trouve que cette année 2013 risque d’être identique. Je suis en effet à deux doigts du copier-coller.
La faute tout d’abord aux joueurs, et tout particulièrement les joueurs occidentaux. Gamekult a pu mettre la main sur les chiffres de vente de jeux en France et c’est édifiant. Entre superproductions et jeux à licence, c’est l’agglutinement de blockbusters sans saveur. Heureusement, et je dis bien heureusement que nous trouvons ce bon vieux Luigi’s Mansion 2 qui vient faire de la résistance, avec la très bonne position – méritée – de Pokemon X/Y. Les jeux 3DS quoi, avec Animal Crossing, ne l’oublions pas. L’évènement de l’année a été pour beaucoup GTA V, soit le titre qui m’a laissé de marbre. Le jeu de l’année, selon de multiples sources et récompenses, serait The Last of Us : je n’ai même pas eu le courage de le finir, ennuyé et lassé par tant de classicisme. Où est l’audace ? Le monde du jeu vidéo se contente, en tout cas du côté occidental, d’un formatage d’une tristesse sans nom, assimilé et apprécié semble-t-il par des millions de joueurs. Comme je l’écrivais les années passées, j’ai l’impression de rater quelque chose. Même les grands éditeurs japonais se mettent à faire de l’occidental, Square Enix les premiers. Mon éditeur fétiche, celui pour lequel j’aurais mangé des pâtes des mois entiers, nous refourgue du Tomb Raider, Deus Ex, Hitman en veux-tu en voilà, trois licences à la forte personnalité, du moins avant. Et quand ce n’est pas un de ces titres, c’est au tour d’un jeu sur mobile d’émerger. En ce moment, tous les grands titres de la firme sont adaptés, même Final Fantasy VI, dans une version honteusement laide. Paraîtrait que le géant renfloue ainsi ses caisses. Ce n’est pas une raison pour salir le paysage non plus. Il reste cependant quelques irréductibles qui se battent en interne – ou au sein de petits satellites, pour proposer autre chose, à savoir ce que Square savait faire de mieux il y a plus d’une dizaine d’années. En ressort un Bravely Default par-ci, un Final Fantasy XIII : Lightning Returns par-là.
Ce ne sont pas les seuls à migrer vers le mobile, l’une des plaies du moment. Et ce n’est pas Capcom et son Breath of Fire 6 qui renierait cette politique – en plus de l’avalanche de DLC en day one de chaque jeu. Est-ce que l’équipe a conscience de saccager une série forte, appréciée par des milliers de joueurs de par le monde ? Je me demande souvent si les développeurs vivent avec des œillères, ou plutôt leurs dirigeants, uniquement fixés sur les chiffres de vente. Du coup, encore une fois : il y a donc un public pour ces hontes caractérisées. Sakura Taisen, Star Ocean, de fabuleuses licences adaptées pour téléphones et tablettes pour être plus rentables. Il y a en effet le portefeuille mais bon dieu, l’image et la fidélité des joueurs ne sont-elles pas plus importantes ? Certes, elles ne nourrissent pas forcément mais quand tout s’effondrera, je ne suis pas persuadé que les joueurs ne seront pas rancuniers. Il suffit de voir Nintendo et sa Wii U : les éditeurs et les joueurs font payer à Nintendo sa politique d’ouverture grand public, trop grand public. Il est évidemment nécessaire que le plus grand nombre puisse découvrir les jeux vidéo et qu’il y en ait pour tous les âges et tous les styles ; malheureusement, en oublier son noyau dur peut entraîner un retour de bâton des plus douloureux. En résulte une console qui a bien du mal à décoller, avec peu de killer-app, voire aucune. Les éditeurs n’ont pas suivi – se remémorant que le marché des jeux Wii étaient détenus, comme d’habitude, par Nintendo – du coup, les joueurs n’ont pas, non plus, suivi, se disant que leur intérêt se trouverait plutôt du côté de Sony et Microsoft.
Ce qui n’est pas forcément faux puisque les deux constructeurs ont su s’allouer le soutien de nombreux éditeurs pour les Xbox One et Playstation 4 fraîchement sorties. Ah le lancement d’une console est toujours un événement, alors deux à une semaine d’écart, allégresse. En dehors du fait que les deux promettent énormément, un peu trop, tant le jeu vidéo n’en demande pas tant, c’est sympa de piloter un menu à la voix, c’est drôle d’appuyer sur share et envoyer une vidéo dix minutes plus tard. L’intérêt ? La plus-value pour le monde du jeu vidéo ? Certains doivent comprendre tout ça puisque les ventes de consoles paraissent excellentes. Je ne cracherai pas dans la soupe, étant propriétaire des deux bêtes. Mais entre une Xbox One qui propose de bons jeux mais d’un classicisme absolu – Crimson Dragon et Killer Instinct rattrapant un peu cela – et la PS4 sans jeu – sauf des indépendants en démat’, ce qui n’intéresse qu’à de rares occasions le matérialiste que je suis, j’avoue que les consoles qui tournent le plus sont les anciennes et les portables. Guère reluisant, même si l’on sait tous qu’une console met en général un an pour se lancer correctement… avec tout de même une ou deux tueries entre temps. Quand je liste les jeux terminés cette année, on voit bien l’alternance anciens et nouveaux. J’essaie de m’ancrer dans le présent… mais je reviens sans cesse sur des titres d’antan, ou aux séries qui ont su garder leur identité.
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- Neo Geo AES/MVS
- Virtual Boy
- Nintendo 64
- Dreamcast
- PC
- Xbox 360
- Xbox Live Arcade
- Playstation 3
- PS Vita
- Wii U
- Xbox One
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Il y avait une fraîcheur et une originalité de moins en moins présente de nos jours. Pour moi, 2013 a été marqué par les sorties de Gunlord et Fast Striker au format Neo Geo AES, deux titres de la NG Dev Team que j’attendais impatiemment dans mon bilan 2012. Du très bon niveau, utilisant très bien les ressources de la console. Ces titres aux routines vieilles de vingt ans m’ont davantage fait rêver que tout le catalogue 2013 dernière génération. La Neo Geo est revenue en force cette année, avec certes les histoires de droits liés à la Neo Geo X, mais surtout grâce à de nouvelles créations pas piquées des hannetons. La NG Dev Team a lancé un troisième titre AES, Neo XYZ, d’un de leurs développeurs ; LeCortex, a enfin terminé Crouching Pony Hidden Dragon, Jeff Kurtz, développeur-amateur de son état et accessoirement designer, a mis en vente son titre Knight’s Chance, un jeu de carte extrêmement prometteur. 3 jeux sortis, 1 en cours d’envoi et le dernier bientôt finalisé. Ajoutons à cela la création d’un convertisseur MVS-AES – dont j’ai été le beta testeur final – peu cher et de très bonne qualité par l’ami ftek. Sans compter que la machine possède sa ludothèque de rêve, ainsi se sont succédées les parties de Metal Slug, Windjammers (encore et toujours), Matrimelee ou encore Stakes Winner – il fait moins rêver mais sachez que vous en aurez la critique cette année, tremblez. La scène indépendante a été extrêmement productive cette année : Nightmare Busters, sublime hommage à un de ses créateurs décédé trop tôt, est lui aussi sorti en décembre. Un jeu SNES sublime – en cartouche compatible Super Famicom et Super NES – dans un emballage qui l’est tout autant. La Super Fighter Team a encore fait un boulot exceptionnel – souvenez-vous Legend of Wukong, c’était eux, entre autres. Oh Mummy ! sur Megadrive a quant à lui connu une réassort, des protos Virtual Boy ont également vu le jour en boîte.
D’ailleurs, parlons-en du Virtual Boy. 2012 m’a permis de découvrir le Virtual Boy (merci Mizakido), 2013 m’a amené un Virtual Boy chez moi, de manière définitive. 18 ans après sa sortie, l’engin impressionne toujours : ces énormes lunettes, sa manette à la fois étrange et très agréable, ses jeux en noir et rouge étonnants. Même l’Oculus Rift n’étonne pas autant. Sitôt reçu, Tobidase ! Panibon a fait les frais de mon enthousiasme. J’ai adoré l’expérience. Quelques soucis techniques ont fait que je n’ai pas pu continuer à me faire plaisir, car il faut savoir que la « console » est fragile. Désormais remise à neuve, je compte bien la rallumer pour de nouvelles aventures en 2014. Tout comme la PC-Engine Duo, récemment débarquée. Plus jeune, cette console m’intriguait, plus exactement, le nombre de RPG me faisait de l’oeil. Tengaï Makyo, bien évidemment mais surtout un jeu à l’ampleur bien moindre trônant désormais dans ma ludothèque, Emerald Dragon.
Un RPG comme on n’en fait plus possédant une identité visuelle de fou. Si je ne dois faire qu’un jeu en 2014, ce sera lui. Mais en fait, il n’y aura pas que lui puisque je suis déjà sur Bravely Default, l’une des très bonnes surprises de la fin d’année 2013 en Europe soit dit en passant. Cette console de Nec, que j’apprends à apprécier, risque en effet de tourner en 2014 puisqu’elle aussi connaît, en plus de ses perles, pas mal de sorties homebrews. Je n’ai par exemple toujours pas fait Mysterious Song qui a l’air plutôt bon. Je dois confesser que beaucoup de supports me font de l’œil, j’ai encore tant de jeux à découvrir. Probotector et sur Megadrive, Aidyn Chronicles sur N64, Gransta Chronicle sur Swan Crystal, Pirates Gold sur Amiga CD32, dernière arrivée dans mon antre, une console à découvrir. Merci à la bible Amiga des éditions Pix’n Love qui m’a permis de combler mes grosses lacunes quant au passé de la machine.
Il y a tant à découvrir que, même si je suis le premier à passer à la nouvelle génération, je préfère souvent me replonger dans l’histoire. Les jeux actuels sont souvent vus et revus, entraînant déceptions sur déceptions. Cette année, elles ont été plutôt nombreuses. A commencer par Anarchy Reigns, titre de Platinum Games auquel je n’ai pas accroché, tout comme Wonderful 101 plus tard dans l’année – je compte tout de même lui donner une seconde chance – mais surtout le reboot de Tomb Raider. Fan de la série, j’en attendais beaucoup. Du moins, je m’attendais à un Tomb Raider avec une réalisation de haute volée. La réalisation de haute volée, on l’a eu. Le problème, c’est que Tomb Raider a manqué à l’appel. Aucune exploration, ou presque, une histoire invraisemblable, une Lara à baffer et surtout, mais alors surtout, des fusillades à ne plus savoir qu’en faire. Au secours. Bon sang, ce n’est pas ça Tomb Raider, c’est de l’Uncharted lourd dingue. Quel gâchis, car sur le plan technique, animation comme graphismes, Tomb Raider est ce qui se fait de mieux sur PS3 et Xbox 360. Aux côtés de The Last of Us, oui. Lâché également : trop classique et ennuyeux. Je tenterai de voir la fin en 2014. Quand même. Heureusement que nous avons eu droit à un Remember Me sortant des sentiers battus pour remonter la pente que l’Action-Aventure traverse… Beyond Two Souls que j’attendais pas mal vu l’excellente expérience Heavy Rain. Pas de bol, excès d’égo, excès de confiance, essai non transformé pour David Cage qui loupe totalement le coche du jeu renversant. Ennuyeux au possible. Maintenant, ce que l’on ne peut lui reprocher c’est d’avoir essayé. Il s’engouffre dans une brèche où peu vont : l’originalité. Il est hautain ? Sûrement, encore que certaines interviews et vidéos le laissent apparaître sous un jour étonnamment différent de bien des retranscriptions. Etrange. En attendant, il se montre passionné par son métier et par son but.
En résumant ma pensée, je me rends compte que le problème de l’industrie du jeu vidéo est le manque de passion qui transparaît dans les jeux actuels. Voilà pourquoi les homebrews m’intéressent davantage, voilà pourquoi j’attends des titres tels que The Last Guardian, superproduction dirigée par un passionné. Tout comme Final Fantasy XV – qui a changé de nom dans l’année – qui donne l’impression d’une équipe prête à retarder toujours plus son titre pour le peaufiner jusque dans les moindres détails. Déjà présents les années passées, ils représentent mes deux plus grosses attentes 2014. Même si, entre nous, nous savons tous qu’ils ne sortiront pas – s’ils sortent – avant 2015. Finalement, j’en attends guère plus de cette année. Final Fantasy X/X-2 HD, Mario Kart 8, Titan Fall, Les Chevaliers de Baphomet V (complet…), Ys Memories of Celceta, Dark Souls II, des jeux au fort potentiel que j’adorerai certainement, qui seront très certainement indispensables à toute ludothèque mais dont il manque le petit truc qui fait trépigner d’impatience. Le rêve étant absent des générations actuelles, je pense que 2014 sera pour moi l’occasion de me replonger dans des classiques, déjà entamés voire achevés au moment de rédiger ces lignes. Pour donner mon orientation actuelle : Pikmin, Skylanders Swap Force et Parasite Eve. Des indémodables parmi eux, pas forcément terminés à l’époque, mais dont l’aura fait qu’il est vital pour une bonne culture jeu vidéo – ce qui est très relatif, en effet.
Si, j’attends énormément les annonces européennes de Dragon Quest VII 3DS – dont les rumeurs insistantes vont bien finir par me donner raison – et Dragon Quest X. Deux hymnes à l’aventure qu’il me tarde de lancer tandis que leur vision en vitrine depuis leurs sorties japonaises devient difficilement soutenable. Je me réconforte avec Dragon Quest Monsters Terry’s Wonderland, très bon remake du premier volet, sur 3DS. Les Dragon Quest font voyager et il s’agit d’une des dernières séries à réussir ce pari, véritable tour de force de nos jours. Le projet X, dernièrement annoncé pour 2014 par Nintendo, devrait lui aussi envoyer du pâté. Un projet Wii U, épaulé par Bayonetta 2, qui sera très certainement le jeu d’action de l’année. Je l’espère, le premier avait été le beat’em all de ces dix dernières années, il n’y a pas de raison. La Wii U est la console la plus prometteuse pour 2014, qu’elle ne déçoive pas.
Résultat des courses, l’année 2014 m’attire pour ces sorties japonaises. Le Japon semble reprendre du poil de la bête. Les grands studios investissent dans la R&D (Square Enix, Nintendo, Konami) pour proposer des oeuvres japonaises avec un niveau de finition digne des AAA occidentaux. Cool, m’enfin… ils devraient se rappeler qu’offrir des jeux ne serait-ce qu’intéressants sera déjà très apprécié. Malgré ce que j’ai écrit plus haut, les jeux que j’attends le plus, sont de Square-Enix. Je dois être incurable. Qu’importe le développeur ou l’éditeur, de l’évasion et du plaisir que diable ! Et j’embarquerai de suite.