Prince of Persia : Les Sables du Temps

Monument du monde du jeu vidéo, Prince of Persia a enfin le droit à son adaptation dans les salles obscures. Mis à part Silent Hill et Final Fantasy, il faut bien reconnaître que les portages cinématographiques n’ont jamais réellement brillé. Resident Evil reste quant à lui une énigme… Alors quand Prince of Persia est annoncé au cinéma, les genoux des fans flagellent. Jerry Bruckheimer à la production, pour le compte de Walt Disney Pictures, Mike Newell (Traffic, Donnie Brasco) aux commandes et Jake Gyllenhaal dans le rôle du Prince. Une sacrée affiche.

Dastan, petit garçon courageux et espiègle, est remarqué par le roi de Perse. Celui-ci en fait immédiatement son fils adoptif, aux côtés de ses deux premiers enfants. Quinze années plus tard, à l’approche de la ville d’Alamut, des espions perses rapportent que la ville sainte forge des armes pour leurs ennemis. L’oncle des princes, Nizam, les incite alors à attaquer la ville pour désamorcer le complot. Grâce à la fougue de Dastan, la prise d’Alamut ne pose aucun souci. C’est alors que le Prince découvre une dague, bien différente des autres, dont il ne soupçonne pas les pouvoirs…

Une adaptation, vraiment ?

L’histoire n’a rien à envier à celle des jeux, et pour cause, le scénariste n’est autre que Jordan Mechner, l’auteur des jeux vidéo. Autant dire que l’ensemble se veut fidèle à l’œuvre d’origine, en se permettant un minimum de liberté pour ne pas s’enfermer dans un bête et méchant portage. Et malgré le fait que nous soyons dans une superproduction américaine, il faut reconnaître que le fan ne peut que remarquer les innombrables clins d’œil et références. Que ce soit la trame principale clairement reprise depuis Les Sables du Temps (ça tombe bien, c’est le sous-titre du film), les vêtements du Prince issus de L’Ame du Guerrier, le bras qui semble fusionner lors de l’utilisation des sables comme dans Les Deux Royaumes, le tout enrobé dans l’humour du premier Prince of Persia paru sur consoles HD.

Les cabrioles du Prince se retrouvent aussi, en faisant un héros particulièrement agile. Ses bonds de toit en toit impressionneront les profanes et conforteront les autres dans l’adaptation apparemment réussie de leur jeu phare. L’influence des cadreurs et du metteur en scène ne se contente d’ailleurs pas que d’une unique source : Assassin’s Creed est clairement passé par là. Volonté assumée ou petite demande en douce d’Ubisoft (éditeur des deux séries) ? Une chose est sûre : malgré quelques ralentis bien maladroits, l’effet est très bien retranscrit. Jamais nous n’aurions pensé il y a quelques années retrouver un Prince aussi fidèle à l’original. Jake Gyllenhaal semble plus qu’à l’aise dans son rôle de héros à la fois humble mais à la répartie bien sentie. Il forme un duo détonnant avec Gemma Arterton, dans le rôle de l’exaspérante princesse Tamina (qui enchaine les blockbusters après Le Choc des Titans).

Enfin de la recherche !

Comme dans Les Sables du Temps ou l’épisode HD, les deux tourtereaux ne cessent de se chamailler, de rendre la réplique à l’autre de manière souvent humoristique, permettant de dédramatiser complètement le film. Pour les appuyer, deux très grands noms du cinéma prêtent leurs traits aux personnages de Prince of Persia : Ben Kingsley et Alfred Molina. Le premier, réputé pour son rôle dans La liste de Shindler et récemment à l’affiche de Shutter Island, est parfait dans son rôle d’oncle Nizam machaviélique. Alfred Molina, en revanche, est presque méconnaissable dans la peau de Sheik Amar, marchand filou et organisateur de courses d’autruches. Il amène encore plus de fraicheur dans les dialogues avec son rôle de gentil méchant un peu stupide. Le clown du film, assurément. Ce qui permet à Prince of Persia d’allier gros effets spéciaux, bonne histoire – bien que sans surprise – et conversations savoureuses.

Et pour épauler les scènes d’action – qui sans briller remplissent tout à fait leur rôle – la production a fait appel à un maître des musiques de cinéma, Harry Gregson Williams. Même si le maître n’a pas offert le meilleur de lui-même, il ne déçoit pas.

Serions-nous loin du navet annoncé ? Tout à fait. Nous pouvons dire sur ce que l’on veut sur Jerry Bruckheimer et Disney, mais grâce à leurs fabuleux moyens, aucune économie ne semble avoir été faite pour coller aux jeux vidéo. De la dégaine du héros en passant par les références aux différents épisodes, sans oublier les enjeux scénaristiques, PoP est une adaptation réussie de l’univers qui nous était si cher. Sans péter plus haut que son cul comme nous pourrions le supposer, il se permet de correctement distiller l’ensemble de ses qualités au fil des minutes qui passent. Il ne fait pas dans la finesse, il ne s’embarrasse pas de messages « disneyesques » souvent lourdingues, il se contente d’être ce à quoi il devait prétendre, à savoir un très bon divertissement, cohérent, pas prise de tête et fidèle à l’original. Sa structure lui permet qui plus est d’être le premier épisode d’une future trilogie. Ce ne sera pas Pirates des Caraïbes, mais Prince of Persia n’a, pour l’heure, pas à rougir. Un très bon moment de divertissement.