Moi, Moche et Méchant

Chaque année voit son lot de films d’animation, chacun abusant des dernières technologies pour s’approprier le cœur des spectateurs. Pixar, Disney et Dreamworks sont les habituels postulants et lauréats. Face aux blockbusters que sont Dragons et Toy Story III, Universal a décidé de se jeter dans la bataille avec Moi, Moche et Méchant (Despicable Me, aux Etats-Unis). Aux commandes, Pierre Coffin et Chris Renaud, épaulés par une armée de français du studio Mac Guff. La french touch au service de la réussite ? Apparemment.

Gru est méchant. Professionnel du crime, il se pense parmi les meilleurs, si ce n’est le meilleur jusqu’à ce qu’un illustre inconnu réussisse à kidnapper la grande pyramide de Gizeh. Les critères de méchanceté s’en voient totalement bousculés, au point que notre cher Gru soit de sortir son plan le plus machiavélique, pensé depuis des années, mais encore jamais tenté : voler la lune. A l’aide d’un appareil détenu dans un laboratoire secret d’extrême orient et d’une fusée, il serait en mesure de mener à bien son but. Rien ne va se passer comme prévu, avec l’arrivée de Vector, son nouveau rival, ainsi qu’Agnès, Edith et Margot, trois orphelines aux caractères bien trempés. Heureusement, pour l’épauler, Gru peut compter sur son armée, totalement dévouée à sa cause : les minions. Tout ce petit monde va tenter de cohabiter, et attendrir notre « héros » au fil du temps.

Tous les ressors du film sont connus d’avance, à tel point que la fin ne fait aucun doute et ce dès le premier quart d’heure de projection (si tant est que vous n’ayez pas lu le pitch avant). Le revirement de Gru sert de fil rouge à une intrigue simple mais suffisamment décalée pour plaire à tous les publics. D’ailleurs, il s’agit très certainement là de la plus grande force du film : sa capacité à toucher toutes les tranches d’âge. Les plus jeunes riront aux facéties des orphelines et des minions, tandis que les adolescents remarqueront des inscriptions « Gru-Ray Disc » sur les sonos, pendant que les parents noteront le nom de la Banque du Mal « Lehman Brothers », banque internationale ayant fait faillite il y a tout juste deux ans aux Etats-Unis. Des références dans tous les sens qui font apprécier Moi, Moche et Méchant quel que soit le niveau de lecture et l’âge du spectateur. Ce qui n’est finalement pas si commun.

D’autant que la réalisation suit parfaitement. Malgré un budget bien inférieur à celui de ses concurrents, le rejeton d’Universal ne fait absolument pas pâle figure, au contraire. Les plus riches d’entre vous qui iront le voir en 3D remarqueront que cette technologie n’est pour une fois pas qu’un simple gadget. Certaines scènes se voient plus impressionnantes grâce à de judicieux effets qui font penser que si la 3D est bien utilisée, il est possible d’amener une réelle plus-value au film.

Toutefois, nous ne détenons pas non plus l’oiseau rare qui nous fera adopter cette technologie. Et heureusement, ceci n’est nullement mis en avant, à l’inverse du design, du rythme et de l’humour, qui sont réellement les points forts de Moi, Moche et Méchant. Les gags et péripéties s’enchainent à vitesse Grand V (oh oh !), au point que peu de plans ne présentent pas une idiotie, entre les trois filles qui découvrent la vie mouvementée de Gru et les minions sans cesse à l’affût de la moindre bêtise à faire. Ces derniers arborent d’ailleurs un design et une « personnalité » très proches des lapins crétins d’Ubisoft ; comprendre culture propre, langage gonflé à l’helium, petite taille et immortalité dans les cascades. A noter un fabuleux générique de fin qui saura en faire rire plus d’un. Tout comme l’intégralité du film qui ne commet aucune réelle fausse note, si ce n’est peut-être un début un peu lent, très vite oublié par les péripéties de Gru et la bouille d’Agnès. Même la VF est appréciable, avec un Gad Elmaleh plutôt bon dans le doublage de Gru (Steeve Carell en VO).

Universal nous offre l’un des meilleurs films d’animation de 2010, pas seulement techniquement, mais humainement. L’histoire à la fois touchante et complètement déjantée captive, réussissant à assimiler toutes les bizarreries de l’univers sans jamais paraître illogique. Fort. Un très bon divertissement pour toute la famille.