Nana

Nana, est un Shojô nouvelle génération, rock et révolté qui nous plonge dans un japon très actuel. C’est, au japon, un best-seller, qui se place toujours dans le top 10 des ventes. Il a d’ailleurs été récompensé en 2003 par le prix Shogakukan (prix majeur du manga, sponsorisé par la maison d’édition Shogakukan).

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Cette série, toujours en cours au japon à l’heure où ses lignes sont rédigées, d’actuellement 21 volumes (dernière sortie 14 octobre 2009 (FR) – 13 mars 2009 (JP)), a su charmer un grand nombre de jeunes filles dès sa sortie en France. Loin des stéréotypes habituels des shojô, il est facile de s’identifier à l’un ou l’autre des personnages. Ainsi c’est une dizaine d’entre eux qui évolue aux cotés des deux principaux incarnés par deux jeunes filles, toutes deux prénommées Nana, ce qui donnera d’ailleurs lieu à de nombreux jeux de mot. Alors qu’il est de mise dans les shojô, que les histoires d’amour se passent à peu près sans encombre autour du couple principal, Nana nous dépeint une vie bien plus réaliste, avec son lot de souffrances et de joies, ses triangles amoureux et ses relations ambiguës, ses amours cachés et ses amours inavoués. Et si vous croyez lire une simple histoire d’amour et d’amitié, c’est sans compter sur Ai Yazawa, qui, à l’aide d’un narrateur, telle une voix off de cinéma, vous rappelle que toute l’histoire n’est en fait qu’un gigantesque flash-back, mettant constamment en doute toutes les certitudes acquises au cours de la lecture, vous poussant toujours à en savoir plus…Le premier volume se présente, d’ailleurs, de façon assez peu commune puisqu’il développe deux histoires en parallèle une par chapitre, toute deux narrées par la protagoniste principale. Elles ont pour but de poser les bases du troisième chapitre et de tous les autres…

Deux jeunes filles portant le même prénom, ayant le même âge, et la même destination, se rencontrent dans le train. Elles vont chacune à Tokyo avec des raisons et des buts différents. Rien ne ressort de cette fortuite rencontre, jusqu’à ce qu’elles se retrouvent une deuxième fois tandis qu’elles visitent le même appartement. Elles décident alors d’avancer ensemble dans cette nouvelle vie qui s’ouvre à elles. Ces deux jeunes femmes que tout oppose vont au fur et à mesure développer une amitié plus qu’ambiguë, se soutenant et se complétant mutuellement au gré des épreuves de la vie.

nana_komatsu D’une part, Nana Komatsu, jeune fille insouciante et immature, toujours joyeuse, qui n’a pour seule ambition que de vivre un mariage heureux. Mais avec son cœur d’artichaut, elle voit en chaque homme un peu attentionné le prince charmant : elle accumule ainsi les histoires d’amour et les déceptions. Elle quitte sa province natale, pour suivre son petit ami, parti a Tokyo pour ses études. Très superstitieuse, elle se méfie du roi des démons, responsable selon elle, de tous ses malheurs et voue un véritable culte à Nana Osaki, qu’elle admire et pour qui elle développe un fort lien d’amitié. Elle est surnommée Hachi, Hachiko ou encore Hachikô, dérivé de Hachiko, le célèbre chien de la gare de Shibuya. En raison de sa forte ressemblance, d’après Nana Osaki, à un petit chien, l’auteur prend d’ailleurs un malin plaisir à régulièrement la représenter comme tel. Sans compter que « hachi » signifie « huit » en japonais, un des nombreux jeux de mots en relation avec « nana », « sept » en japonais.

nana_osakiD’autre part, Nana Osaki, ambitieuse et déterminée ; elle monte à Tokyo pour s’imposer comme musicienne professionnelle. Malgré de nombreuses blessures, qui ont fait d’elle une battante, elle désire devenir chanteuse et faire carrière dans la musique depuis le collège. Mais, c’est aussi, sans se l’avouer, pour rejoindre Ren, l’homme dont elle est amoureuse depuis des années et qui a quitté leur groupe punk amateur pour intégrer le groupe Trapnest qu’elle fait ses bagages pour Tokyo. D’apparence, inébranlable, elle se révèle en réalité très fragile sur le plan sentimental, ne laissant filtrer que de petits détails presque insignifiants, comme sa marque de cigarette ou ce tatouage de fleur de Ren sur le bras… Très possessive à l’égard de ses proches, elle est surnommée « La grande prêtresse » par Junko et Kyosuke.

Autour d’elles, gravitent 3 groupes : les amis de Nana Komatsu, les membres de Blast et enfin les membres de Trapnest.
Les amis de Nana Komatsu sont originaires de la même ville et ont fait une partie de leurs études ensemble :
– Junko Saotome, son amie d’enfance, qui ressemble par moment à une mère pour elle, mais est toujours là pour la conseiller et la soutenir.

– « Jun », ancienne Yankee et étudiante en art, tout comme Kyôsuke Takakura, avec qui elle est en couple. Il est là pour la « cadrer » dans ses remontrances envers Nana, et fait donc office de père de substitution aux côtés de Junko.

– Et enfin, dernier membre du trio, Shôji Endô, étudiant en art, c’est pour lui que Nana Komatsu viendra à Tokyo. Rapidement, il va la tromper puis la quitter pour Sachiko, pour disparaître presque complètement de l’histoire.

nana_03 Les membres de Blast, contraction de Black Stones représentent le groupe amateur de Nana Osaki :

– Yasushi Takagi, batteur et leader du groupe, il exerce en tant qu’avocat. Très protecteur, en particulier avec Nana, il a malgré tout gardé contact avec Ren malgré leur séparation. Surnommé « Yasu » ou « Yas-san » par tout le monde et épisodiquement « Boule à zéro » par Nana Osaki, il a eu une histoire avec Reira.

– Nobuo Terashima, ou Nobu, guitariste et compositeur du groupe, il connaît Nana depuis le collège, et est son meilleur ami. Eternel optimiste, il ne tient pas du tout l’alcool et a tendance à beaucoup trop parler sous son emprise.

– Et enfin Shin’ichi Okazaki, ou Shin, grand fan de Ren, il prendra sa place comme bassiste du groupe sans le savoir. Très secret, il a un passé difficile, ce qui rend ses rapports aux femmes pour le moins compliqués, mais cela ne l’empêche pas de conseiller Nobuo sur le sujet. Il a beaucoup d’affection pour Hachi, qu’il considère comme une mère, la seule à le soutenir malgré son moyen de revenu plus que douteux. Il a une histoire avec Reira, chanteuse de Trapnest.

nana_09 Les membres de Trapnest :

– Reira Serizawa, de son vrai nom Layla, est une réelle star au japon ! Cette métisse américano-nipponne est la chanteuse du groupe, et aussi la plus grande rivale de Nana Osaki. Elle a eu une histoire avec Yasu puis avec Shin dont elle est amoureuse, mais pour qui les sentiments ne sont pas clairs du tout… Elle est la fondatrice du groupe, aux côtés de Takumi Ichinose…

– Celui-ci est le leader, bassiste et producteur du groupe. Son seul but est de créer la musique qui portera la voix de Reira au top. Il séduit Nana Komatsu, pour jouer avec elle, mais développera bien malgré lui de forts sentiments pour elle, au point de se retrouver au centre d’un triangle amoureux avec Nobuo, et un autre plus ambiguë avec Nana Osaki.

– Naoki Fujieda est le batteur un peu simplet de Trapnest. Il a rencontré Takumi au collège et a intégré son groupe dans la foulée, mais est également très proche de Yasu.

– Et enfin, Ren Honjô, initialement le bassite de Blast. Il intègre Trapnest en tant que guitariste et compose certaines des chansons du groupe. Amoureux de Nana Osaki depuis des années, ils forment à eux deux un couple à la Sid et Nancy.

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L’histoire se construit autour de l’opposition des caractères des deux jeunes femmes, et de l’étrange mélange entre la culture punk rock de Nana Osaki et celle pop kitsch de Nana Komatsu. Les deux univers, au départ apparemment incompatibles, s’articulent finalement l’un autour de l’autre, au fur et à mesure que l’histoire des deux Nana se crée.

L’entourage des deux Nana, qui finit par se confondre pour certains personnages, est jalonné de nombreuses figures. On trouve aussi bien de très fortes personnalités – certaines avec un lourd passé ou des souffrances cachées – que des personnages plus « classiques », mais aucun ne tombe dans le cliché simpliste. Shin, bassiste du groupe Nana, est, par exemple, un adolescent se prostituant. Junko, quant à elle, est l’amie de Nana Komatsu, qui fait très « mature », sorte de maman, toujours à l’écoute de la jeune femme.

La dépendance affective est aussi au centre du manga : Nana Osaki, se voulant indépendante et solitaire, mais qui se révèle avoir des soucis de possessivité amoureuse et affective ; Nana Komatsu, surnommée « Hachi » à cause de son besoin permanent d’être aimé et choyé, comme un petit chien. Ce thème de la dépendance à l’autre et de la souffrance qu’elle peut causer est un thème récurrent, tout comme la peur d’être abandonné(e) ou délaissé(e). Les différentes histoires de cœur entre les personnages apprennent beaucoup sur les mécanismes complexes de l’attachement affectif et de ses contradictions, ainsi que les nombreuses ambiguïtés que laissent transparaître l’amitié.

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Les références culturelles sont utilisées soit comme objet récurrent (la symbolique du « sept », avec les numéros de chambre (707, le 7 juillet, les anniversaires, etc…) soit comme thème (la fête du Tanabata, expliquée à Shin qui ignore tout de ces fêtes comme le lecteur occidental). Ces références à la culture japonaise montrent à la fois un aspect traditionnel et moderne, et font la complexité du Japon actuel.

L’autre élément-clé d’identification est la réalité de nombreux lieux, que l’on peut facilement retrouver au gré de flâneries dans Tokyo… Tels que la gare de Tokyo, le Jackson Hole – la salle où se tient le premier concert de Blast à Tokyo (Live house) – ou bien la passerelle (de nombreux amoureux) et autres petits chemins au bord de l’eau qu’empruntent si souvent nos Nana…

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L’auteur aborde avec simplicité et humour, des sujets peu simples de prime abord, et finalement peu traités dans les shojô comme l’abandon, l’infidélité la drogue et la mort. Cela mise à part : enfin un Shojô qui aborde vraiment la sexualité ! Sans chercher à être pédagogique, mais toujours pédagogue, Ai Yazawa aborde la problématique de la contraception et l’absence d’une contraception efficace et rigoureuse. De plus, elle distille, avec une grande maîtrise, l’art du suspens : si le récit paraît explicite et détaillée, le narrateur laisse entendre que certains détails peuvent se révéler capitaux pour le reste de l’histoire…

  1. Critique sympa.^^ Quelle dommage que ce manga ne soit pas terminé, il est très prenant et touchant. L’anime rajoute au charme en collant parfaitement au style musical.

  2. Ai Yazawa n’est pas très productive pour une raison très simple elle a de gros problème de santé et doit se reposer, elle continue a dessiner mais c’est compliqué pour elle de continuer la série même d’après ses dires c’est prévu 🙂 😉

  3. Effectivement, je la savais malade, mais en dehors de sa productivité propre, elle n’est pas complètement traduite, elle a, à son actif, encore quelques séries terminées, mais pas publiées en France.
    Après, les femmes mangaka ne subissent pas la même pression que les hommes de leur maison d’édition, ce qui explique souvent les différences de productivité entre eux.

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