Valkyrie Profile

Géant du marché japonais, Enix impressionne à chacune de ses nouvelles licences. Dragon Quest, Actraiser, Terranigma, Star Ocean. L’éditeur n’a de cesse de proposer des univers toujours plus fascinants et attachants. Son association au studio de développement Tri-Ace, responsable de Star Ocean, ayant le vent en poupe, l’arrivée d’un nouveau titre et d’un nouveau concept séduit les joueurs, et tout particulièrement les fans de RPG : Valkyrie Profile. L’allusion à la mythologie nordique amène aussitôt son lot de promesses que les deux studios se sont fait une obligation de tenir…

Valkyrie Profile s’ouvre sur l’histoire de Platina. Fille unique d’une famille bien pauvre, elle est non seulement assignée aux tâches ingrates mais également maltraitée par ses parents. Une nuit, son ami Lucian l’extirpe de son sommeil pour la sauver : elle doit être vendue le lendemain matin à d’étranges hommes en noir. Les deux adolescents s’enfuient à travers bois jusqu’à déboucher sur un magnifique parterre de fleurs… mortelles. Le poison des Weeping Lilies fait son effet emportant la jeune Platina devant les yeux impuissants de Lucian. Enix nous met alors dans la peau de Lenneth, une valkyrie du royaume divin d’Asgard, le Valhalla. En tant que déesse guerrière, elle est particulièrement respectée par ses congénères et redoutée par les mortels. Sa convocation par Odin ne laisse plus planer le doute : la fin du monde – Ragnarok – est proche. Le dieu des dieux lui confie l’importante mission de recruter des âmes héroïques. Pour cela, elle doit se rend sur Midgard, le royaume des humains, le royaume du dessous, et enrôler des combattants méritants. Le critère du mérite est subjectif, toutefois, tous sont décédés dans des conditions qui font très souvent d’eux des martyrs. La récolte de ces âmes sera le leitmotiv de Lenneth tout au long des 8 chapitres, et 192 périodes qui rythmeront l’aventure jusqu’à la bataille finale l’opposant au déclencheur du Ragnarok.

Débuter un jeu par le décès d’un personnage n’augure rarement une histoire très heureuse. Valkyrie Profile confirmera cela au fil de l’avancée, avancée qui se veut à moult reprises très révélatrice quant au passé de notre héroïne. La ressemblance entre Platina et Lenneth n’échappant bien évidemment à personne. Mais plus encore que ces nombreuses révélations, le scénario se veut morceler et découpé en autant d’histoires que de protagonistes. Chaque recrutement induit une mort préalable, c’est ainsi que Lenneth et par la même occasion le joueur assistera au décès, voire au meurtre de l’intégralité des combattants élus, les Einherjars. D’évidents cas de conscience seront posés à Lenneth l’entraînant même parfois à participer activement à la mort d’un humain. Autant dire que les scènes cinématiques, extrêmement fréquentes, se suivent de manière assidue et passionnée, nous en apprenant énormément sur le passé des Einherjars, et parfois même sur celui de Lenneth. A la fois triste et poignant, le scénario se révèle être la grande force de Valkyrie Profile, poussant réellement le joueur à s’investir dans sa quête principale mais également dans les faits annexes pour en apprendre toujours plus. Se contenter des faits principaux laisse inévitablement des zones d’ombre frustrantes pour toute personne désireuse de découvrir les dessous du titre d’Enix.

Le gros de la progression se veut pourtant en intérieur, au sein des nombreux donjons qui parsèment le jeu. Le but étant d’envoyer les meilleurs combattants possibles au Valhalla, la résidence des Dieux, il est nécessaire pour Lenneth de les entrainer du mieux possible. A leur récupération, chacun dispose d’un grand nombre de points de capacité qu’il faut répartir dans les différentes capacités des héros. Nous relevons les traits – des traits de personnalités qui permettent d’augmenter la valeur héroïque d’une âme – les compétences actives – des techniques de combat devant être équipées – et les compétences passives – des améliorations de statistiques comme l’intelligence, la magie ou encore la force. En parallèle, les Einherjars gagnent de l’expérience et des niveaux, leur octroyant naturellement de meilleures caractéristiques.

La déesse Freya, amie de Lenneth et bras droit d’Odin, exige l’envoi de combattants à chaque chapitre du jeu. Non seulement leur nombre est défini à chaque chapitre, mais les conditions d’envoi également : si le joueur est libre d’envoyer qui il souhaite, la récompense d’Odin ne sera conséquente que si l’envoi respecte les conditions établies. Un sorcier ayant une valeur héroïque de 80, maîtrisant les compétences Hear Noise, Trick et Demon Int, ou un guerrier connaissant Tactics, Leadership et Identify d’une valeur héroïque d’au moins 50 ou encore un personnage sachant nager. Les conditions sont énumérées à chaque début de chapitre par Freya et c’est au joueur de bien les garder en tête. L’envoi doit se faire au cours des 24 périodes du chapitre, sous peine d’être sanctionné à sa conclusion, faisant par la même occasion chuter l’appréciation d’Odin à l’égard de Lenneth. De toute façon, c’est tout à l’avantage du joueur de se plier à ces conditions puisque les récompenses sont de puissants objets et un paquet d’expérience.

Les déplacements de Lenneth se font au travers d’une carte du monde, en 3D s’il vous plaît, qu’elle peut survoler à loisir trois types de lieux peuvent y apparaître. Les villes, nécessaires pour faire avancer l’histoire et recélant de multiples scénettes cachées débouchant sur des objets bonus, les donjons, obligatoires pour faire progresser ses héros et les Caves d’Obivion, des donjons générés aléatoirement rapportant souvent de très beaux artefacts. Une fois une destination accostée, la progression se fait entièrement en scrolling horizontal. Que ce soit décors ou personnages, tout élément affiché à l’écran est en 2D. Déconcertant, mais rappelant de vieux titres tels que The Link’s Awakening ou Actraiser, ce procédé offre de superbes panoramas au joueur, souvent médusé devant la beauté et la poésie se dégageant des nombreux tableaux.

1 2 Suivant

  1. Hé bien, moi l’iconoclaste de service, j’ai découvert ce jeu l’année dernière. Et quelle baffe. Si je l’avais connu en son temps, probablement que certains cadors de l’époque (que je ne citerai pas) m’auraient laissé des souvenirs encore plus vagues que ce qu’ils m’ont laissé.

    Ecriture, richesse, ambiance, justesse des personnages, « tranches de vie » toutes plus touchantes les unes que les autres, système de combats passionnant. Et la Valkyrie qui demeure le personnage féminin qui m’aura le plus marqué tant le paradoxe entre l’aplomb avec lequel elle assume son rôle de déesse de la destinée et en même temps…. Bah! je ne développerai pas par respect pour ceux qui n’auraient pas encore fait ce bijou de RPG au déroulement (recrutements, donjons, périodes, chapitres) absolument génialissime.
    Un jeu qui m’a profondément touché, ça c’est sûr. Son seul défaut : un manque de transparence au niveau des différents systèmes et des différentes mécaniques qui sont vraiment difficiles à comprendre la première fois, et une fin A complètement impossible à obtenir sans soluce.

  2. Pas mieux. Valkyrie Profile est un très grand jeu, pas que ça veuille dire qu’il soit parfait pour autant : comme l’a indiqué Vidok, le rythme peut devenir vachement répétitif si on veut exploiter toutes les périodes à disposition et il y a masse d’éléments de gameplay pas ou mal expliqué.

    Mais bon, à côté de ça, on a sans doute un des RPGs les plus audacieux qui soient, un jeu qui a offert une expérience radicalement différente de ce qu’offrait la concurrence. Et surtout, c’est un jeu qui est allé au bout de son trip, même si ça voulait dire glorifier la 2D à l’époque où seule la 3D était encore acceptable, proposer un scénario axé sur l’humain à l’heure où s’est diffusé le jeu vidéo grand spectacle ou démonter le système de progression classique d’un RPG pour coller à l’atmosphère d’urgence crépusculaire suscitée par l’émergence du Ragnarok. Le tout sans même parler de l’ahurissant système de fight que tri-Ace n’a jamais réussi à ne serait-ce qu’égaler dans ses productions successives.

    Bref, un grand jeu, un très grand jeu.

  3. Pas mieux. Par contre, plus que le côté répétitif qui personnellement ne m’a jamais dérangé (même si je comprends parfaitement qu’on le soit), c’est plus la fin A qui constitue à mes yeux le plus gros défaut du jeu. Pas par son contenu, magistral, mais par la manière de l’obtenir qui est à mon sens une véritable honte. C’est vraiment le seul échec du jeu à mon sens.

    Reste que même sans sa fin A, Valkyrie Profile est un très grand jeu.

  4. La redondance du principe m’a fait relancer le jeu plusieurs fois car je décrochais un peu à partir du cinquième chapitre. Mais en y repensant, il n’avait pas eu de chance d’arriver chez moi une semaine avant la sortie de Chrono Cross. Ce dernier me l’avait fait mettre au placard pendant un moment. Heureusement, je l’ai ressorti aussitôt après.

    Il reste que son scénario demeure l’un des plus touchants du genre sur Playstation. On comprend ce qui se trame dès le démarrage du jeu mais le voir arriver petit à petit est un grand moment. Il est vrai que l’obtention de la fin A est décevante – impossible à deviner… – mais c’était une époque où les soluces de jeu pullulaient de partout, ce qui en fait un état peu choquant à mes yeux, bien que désagréable pour le joueur n’aimant pas parcourir un jeu avec un livre sur les genoux – mon cas également.

  5. Beau fût le jour où coincé dans mon adoration pour les Final Fantasy, j’ai découvert Star Ocean 2 puis ce Valkyrie Profile. Un jeu assurément mélancolique dans son scénario et ses magnifiques musiques (qui donnent parfois la larme à l’œil), et qui propose pour moi le meilleur système de combat de tout les RPGs que j’ai pu jouer : dynamique, tactique (ou bourrin) et extrêmement grisant (s’acharner sur un boss, quel pied!). Tout ce temps passé dans les donjons et les menus à parfaire ses personnages… How nostalgic.

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *