Code Age Commanders

Bien que spécialisé dans les RPG, Squarenix aime bien tenter de se diversifier le plus
possible. Rappelez-vous les Bushido Blade, Cyber Org, Tobal, Emotion Type-S, World Fantasia ou encore Another Mind. Ce sont des softs sortis, certes, durant la belle époque Squaresoft mais la politique a, en fait, peu changé depuis lors. La société nippone désire toujours voir les sous rentrer et caracoler en haut des charts. Les Kingdom Hearts, les Front Mission ou Seiken Densetsu font partie du domaine vidéoludique japonais et sont de plus en plus reconnu mondialement. Désireux d’étendre sa suprématie et en voyant l’ambitieux projet .hack, la firme a décidé de s’investir dans la japanimation avec Full Metal Alchemist. L’essai fut concluant puisque nous en sommes au troisième épisode et l’accueil est chaleureux à chaque fois. Pourquoi ne pas tenter l’expérience avec une autre série ? Code Age était né. Contrairement à FMA, la première œuvre réalisée est le jeu vidéo et la série devait suivre de peu ainsi qu’un comic book. Alors qu’en est-il ?

Le synopsis

S’il est de coutume de parler en premier lieu du scénario afin que vous appréhendiez au mieux le contexte, cette activité se révèle ici indispensable. L’univers est tellement original et inédit que c’est sûrement sur ce point-là qu’il se veut le plus marginal possible.

L’action se déroule en l’an 0099. Le monde repose sur une infrastructure particulière, lévitant dans le ciel, nommée Central Code. Celle-ci est à l’origine de la vie sur la planète. Elle la crée et la détruit. Afin de vivre sur une planète écologiquement parfaite, le Central Code la purge. Tous les 10 000 ans, est déclanchée le processus de Renaissance : la vie sur Terre est annihilée et reconstruite. Ce principe de purge est souvent employé comme motif par les grands méchants dans les RPG ou animés pour justifier leurs actes. « La planète étant souvent corrompue par la nature humaine, elle court à sa perte ». Eh bien ici, ce prétexte ne peut être appliqué puisque c’est la coutume de détruire la planète et la faire renaître.

Attention, si la nature est exterminée puis reconstruite, les vies humaines sont conservées. Grâce à un gigantesque bouclier, les habitants de la planète survivent grâce à un système cryogénique qui les tient à l’écart du phénomène de Renaissance. Cependant, il faut bien qu’un événement survienne pour pouvoir écrire une histoire et faire un jeu. Ce bouclier a cédé à des attaques inconnues, entraînant de gigantesques failles. Nombre de capsules cryogéniques tombèrent alors à la surface de la planète.

Parmi les quelques malchanceux, se trouve Gene, notre héros aux cheveux bleus et au gel persistant. Il se retrouve seul dans les terrains désertiques de la Terre en reconstruction. Désertées seulement par une partie de la flore car du côté de la flore, il n’y a pas à se plaindre. Appelés Othellos, ces créatures pullulent et certaines disposent de formes humaines assez troublantes.

Une affaire d’équipe

Notre adolescent à la coiffure survoltée ne sera pas seul dans sa quête de vérité et de survie. Il rencontre très vite d’autres humains qui ont échoué sur la planète, tels que Kilroy ou encore Mime. Tous deux sont dans la même galère que Gene et donc lui proposent de l’épauler dans la recherche d’Aliz. Je viens de penser que je ne vous ai pas encore parlé d’elle. Elle est la sœur de Gene, elle a d’ailleurs hérité comme lui de cheveux azurs resplendissants. Sa capsule a échoué bien plus loin que celle du frangin, la laissant seule. Cependant, par un miracle encore inexpliqué, les deux consanguins réussissent à communiquer par télépathie. La transmission va d’ailleurs tourner court puisque la jeune fille va se faire attaquer par un monstre, une horde de monstre, peut-être quelqu’un, en tout cas, par quelque chose. Le leitmotiv du héros se résumera donc à cela pendant tout le jeu, c’est-à-dire les dix stages du héros. Ensuite, il y a le scénario de Gérald, un autre personnage puis celui de Fiona… Bref, autant vous dire que rien ne vous a été dévoilé dans ces lignes. Il faut bien se douter, connaissant Squarenix, que de nombreux rebondissements déboulent de partout et que les complots sont nombreux. Surtout qu’il se passe des événements pas tout à fait catholiques sur la planète entre autochtones locaux. Vous êtes loin de vous douter de l’ampleur des événements. Il faut dire qu’au début de l’aventure, on a l’impression d’être confronté à un jeu d’action bateau au design original et à la bonne réalisation, mais qu’elle ne sera pas votre surprise en découvrant les dessous de l’univers de Code Age. D’ailleurs, il est vivement conseillé de regarder chaque chapitre intermédiaire. Comme dit plus haut, il y a dix stages (avec Gene) mais entre chaque, il existe des cinématiques que l’on peut voir, ou non, qui sont sélectionnables sur la map à l’instar de stages classiques. Elles sont parfaitement facultatives mais demeurent indispensables si vous désirez comprendre les différentes subtilités. Les oublier ne vous bloquera pas et vous finirez le jeu sans problème mais nul doute que vous serez passé à côté d’une partie importante du soft, avouez que ce serait triste.

Vous êtes un poulpe ? Code Age est fait pour vous.

Ne croyez pas que le jeu se joue comme un Sengoku Musou ou un Chaos Legion. Il n’a rien de commun avec ces jeux aussi bien au niveau ambiance, design, histoire et encore moins système de jeu. Et c’est bien évidemment sur ce point-là que je désire m’attarder. Ceux que cela lourderait déjà peuvent sauter ces deux paragraphes mais ne connaîtront pas le déroulement du jeu et ne pourront répondre à leur chien qui pose tout plein de questions sur le système de combat de Code Age. Comment cela ce n’est pas possible ? Eh bien, au cas où, je vous conseille de suivre les lignes qui arrivent.

Que ceux qui n’ont essayé le jeu que sur ses premiers niveaux : il est plus riche que vous ne le pensez. Au fil des stages, vous débloquez de nouvelles capacités bien pratiques à tel point que vous vous embrouillez d’un rien par la suite. Il faut bien comprendre que les attaques et actions réalisables sont réparties sur l’intégralité des boutons de la manette. Ah ça, il n’y a pas de jalouses parmi les touches. Les coups s’exécutent avec X et O. La garde est sur le carré. Le triangle est utilisé pour les Code Drive. L1 pour repositionner la caméra, R1 pour « locker » l’ennemi. Arrive le système relativement difficile à gérer au début à moins d’être particulièrement à l’aise dans l’alternance et l’enchaînement des touches : R2 et O manipulent l’inventaire de droite et L2 et X celui de gauche.

Vous ne saisissez pas tout ? C’est normal, passons aux explications.

On vous a toujours appris à ne pas recracher ce que vous mangez, non ? Eh bien, à l’instar d’un Kirby, vous allez devoir appliquer la règle inverse. Même si vous ne mangez pas réellement les monstres adverses, vous avez la faculté de les absorber. Pas n’importe lesquels : seuls les petits othellos qui pullulent autour des ennemis plus humains ou autour de cristaux d’énergie. En fonction des niveaux, ils disposent de formes et pouvoirs différents. Cela va de la mine, à la boule de feu ou à la guérison partielle voire totale. Même s’ils semblent inintéressants et dénués de toute force, ce n’est pas réellement pour être transformés en bouillie mais pour être absorbés. Vous pouvez les stocker dans l’inventaire de gauche ou dans celui de droite, X ou O pour mettre dans l’un ou dans l’autre. L2 et R2 servent à utiliser le contenu sélectionné dans les inventaires. Le stick de droite sert ici à naviguer dedans : droite-gauche pour passer de l’un à l’autre, haut-bas pour sélectionner un objet en particulier. Autant dire qu’en plein milieu de joutes bien senties, vous avez intérêt à être rapide et surtout très agile pour sélectionner le deuxième monstre absorbé se trouvant dans le second inventaire et l’utiliser en appuyant sur L2. Si, contre des ennemis classiques, la manœuvre ne demande pas de réflexe surhumains, face à certains boss (genre Havel, pour ne pas le citer…), c’est une autre paire de manche. Surtout que, pour rester sur cet exemple, notre bonhomme est rapide et fait mal ; si vous désirez vous guérir, il faut sélectionner la bonne créature et l’utiliser, tout ceci requiert un certain laps de temps qu’il ne vous laisse pas souvent. Ne vous inquiétez, après 5-6 stages, la maîtrise du principe est presque complètement acquise mais il faut savoir qu’au début, ce n’est pas la chose la plus aisée à mettre en place. Vous êtes désormais incollables sur l’absorption de petits gredins, mais le système de combat n’est pas encore limpide.

Entre furies codées et tatanes enchaînées

Ici, pas de bourrinage du bouton X pour passer les légions d’adversaires (ce qui est un grand mot…). Vous êtes tenu d’enchaîner les touches X et O pour pratiquer des combos. Si vous respecter l’alternance des touches et un rythme particulier vous pourrez accomplir le combo en entier. Généralement, il cassera la garde ennemie. Vous pourrez alors effectuer, si vous le désirez, un Code Drive. Mais qu’est-ce que c’est ? Si vous prêtez attention aux images qui arpentent cette page, vous avez peut-être remarqué que certaines montrent le personnage dans un espace intemporel avec une série de hits sur la gauche de l’écran. Il s’agit d’un Code Drive. Une fois la jauge à demi pleine, vous pouvez, en appuyant donc sur triangle, effectuer une sorte de furie. A ce moment se déclenche un système facile à comprendre mais dur à expliquer : un cercle apparaît ; quatre jauges se remplissent et suivent un quart du cercle chacune. Pour valider son action, le joueur doit appuyer sur X ou O (en résultent des actions différentes) lorsque les jauges ont chacune fait un quart de cercle. Les jauges partent ensemble et c’est au joueur de choisir celle qu’il regarde. En ce qui me concerne, je me focalise sur celle en haut à gauche. Si vous appuyez avec un léger décalage (trop tôt ou trop tard), votre coup aura juste moins de chance de s’accomplir. En effet, votre adversaire peut à loisir éviter le coup ou le contrer. Un nouveau cercle apparaît alors pour voir qui prendra l’avantage, à vous de confirmer votre coup ou le voir se retourner contre vous. Bref, c’est très dynamique et plaisant à réaliser.
Ces techniques sont celles qui rapportent le plus de point et, à fortiori, permettent de faire évoluer votre « bras-arme » plus vite. Il est donc utile d’en faire souvent mais sachez que les ennemis deviendront de plus en plus méfiants et difficiles à épingler car oui, le Code Drive est lent et il faut réussir à le placer.

Tout est une histoire de jauge…

Abordons désormais le cas des différentes jauges du jeu. La première est la plus classique, l’inévitable, barre de vie. La seconde que vous trouverez juste en dessous n’est autre que la barre de défense. Plus vous vous protégez, plus elle diminue. Elle descend très vite et, une fois arrivée à zéro, vous êtes sans défense le temps qu’elle remonte. Autant dire que lors d’affrontements contre des boss, elle est mise à rude épreuve et vous devez bien la gérer. La troisième est la jauge de Code Drive. Elle augmente sans cesse et vous pouvez l’aider à grimper plus vite en vous déchaînant sur les pauvres monstres qui traînent dans les prairies.

Si, au départ, elles ne sont pas immenses, il est possible après chaque niveau, d’acheter des upgrades à placer sur le héros pour qu’il voit ses capacités améliorées. Vous pouvez donc augmenter votre barre de vie, votre jauge de Code Drive mais également votre vitesse ou encore votre force en insérant ces bonus dans des socles prévus à cet effet dans les menus. Cela procure un plus certain qui au final est réellement utile. L’argent utilisé n’est autre que les points glanés au fil des combats. Plus vous frappez, plus vous enchaînez, moins vous êtes touchés et plus votre score final est important. Bref, c’est un système intéressant qui vous pousse à visiter les niveaux de fond en comble mais rapidement car vous disposez d’un temps limite par niveau (généralement situé entre 15 et 30 minutes).

Sous ses allures de petit beat’em all, Code Age cache tout de même une certaine richesse de jeu mais aussi d’univers.

Vous avez dit original ?

La chose, le truc, le fait qui saute aux yeux : c’est… non pas la réalisation, mais le design. Rares sont les œuvres à prendre un tel parti pris (ouh la répétition !). L’univers dépeint ne ressemble à aucun existant. Vous pouvez chercher dans tous les genres aussi bien sur console ou PC, il n’y a pas un jeu qui lui ressemble. Allons voir du côté des animés… même constat. Les personnages arborent des tenues complètement inédites, des pouvoirs originaux et l’histoire est montée de toute pièce. Il n’y a donc eu que très peu d’idées reprises d’œuvres existantes. En cela, nous pouvons réellement être satisfaits. Nous réclamions de l’originalité depuis longtemps : nous l’avons ! Justement, trop d’originalité tue l’originalité. L’accueil du public japonais a été des plus froids, faisant de Code Age Commanders presque un bide commercial. Je ne prétends pas que c’est la perle de tous les temps mais il mérite plus que le coup d’œil.

De plus ce design est appuyé par une réalisation tout à fait honnête. Il suffit de voir les environnements pour voir qu’ils n’ont rien à envier à ceux d’un Final Fantasy X. Nous sommes bien au-dessus de ceux d’un Sengoku Musou. D’accord, le nombre de personnages à l’écran n’est pas du tout le même, mais le fossé technique et esthétique est là.

Lors des attaques groupées, j’entends par là, une vingtaine de personnages en simultané, il arrive d’avoir affaire à des ralentissements, peu gênants certes mais assez présents pour être signalés. Rien de rédhibitoire, rassurez-vous. En tout cas, le jeu est réellement plaisant à regarder de part la multitude de couleurs à l’écran qui donne à l’ensemble un aspect vivant appréciable.

C’est bien…

Rajoutons à ce côté « réel » un doublage tout à fait correct des héros. Ils sont tous plus ou moins convaincants et permettent d’ajouter encore un peu d’immersion dans cet univers sorti du cul d’un canard (rien de péjoratif là dedans ni de sale…). Il est un détail qui fera plaisir à une caste de joueur : c’est Junko Takeuchi. Les fans d’animés auront peut-être reconnue le nom de la doubleuse qui fait justement la voix de Naruto, Gon, Katamari (dans Kenshin) ou encore Dieter (dans Monster).

A côté de cela, la bande son est réellement bonne. Réellement bien orchestrée, elle est toujours présente quand il faut pour rehausser le côté sentimental ou guerrier de la scène qui se déroule sous nos yeux pétillants (en tout cas, dans mon cas). Nous devons les excellentes musiques d’ambiance à Kumi Tanioka. Qui est-ce ? Chocobo Dungeon 2, Final Fantasy XI ou encore Final Fantasy Crystal Chronicles, vous saisissez mieux le talent d’artiste ? Eh bien, si vous êtes fan de ces OST, n’hésitez pas à vous procurer celle de Code Age. Elle varie peut-être dans les accords ou dans les sonorités mais le talent est toujours présent. C’est sans nul doute une des figures montantes de Squarenix puisqu’elle se voit attribuer des softs ambitieux depuis quelques années. Etre responsable des musiques de FFCC qui est censé être le FF de réconciliation entre Square et Nintendo, désolé du peu, mais c’est que l’on doit avoir un minimum de sens artistique.

Alors ce Code Age ?

Vous l’aurez compris dans les lignes précédentes, Code Age Commanders n’est pas dénué de qualités. Ce n’est pas un RPG mais il en propose l’univers, la musique et l’intérêt. Pour une fois qu’un jeu sort des sentiers battus en ce qui concerne le design, il serait dommage de le bouder. Les mécaniques de jeu sont en vigueur depuis longtemps (cinématique, dialogues, exploration, boss, nouveaux pouvoirs, cinématique, dialogues, …) mais le système de combat est très plaisant, une fois assimilé. Difficile donc de bouder notre plaisir. C’est triste que les japonais n’aient pas suivi. Il est pourtant vivement conseiller, rien que par l’originalité visuelle de son univers.