MDK

Tenue moulante et gros calibre

Genre
Third-Person Shooter
Développeur
Shiny Entertainment
Éditeur
Interplay
Année de sortie
1997

Fondé fin 1993, Shiny Entertainment se fit connaître dès 94 avec Earthworm Jim, plateformer loufoque et survitaminé. Avec pour parents des vétérans passionnés tels que David Perry, Doug TenNapel, Tommy Tallarico, ou encore Nick Bruty, le jeu fût largement encensé et adulé, et connut très rapidement une suite, pressée à peine un an plus tard. Le succès a une fois de plus été au rendez-vous, mais celui-ci a malheureusement été accompagné d’un conflit artistique au sein de l’équipe historique. Avec notamment un Doug TenNapel parti avec la moitié du personnel de la société fonder The Neverhood et œuvrer sur le point’n’click du même nom, le studio avait besoin de repartir vers de nouveaux horizons tout en gardant leur ambition première : la prouesse technique pour une bonne tranche de rigolade. Leur nouvelle création se nomma simplement MDK, et sortit sur PC, plateforme en plein changement avec l’arrivée des cartes accélératrices 3D… Que le jeu n’utilisera pas au départ, ce qui ne l’empêcha pas d’être remarqué par la critique et les joueurs pour sa superbe plastique, mais pas que. Revenons un peu, durant ces quelques bafouilles, sur tout ça.

Le moindre que l’on puisse dire, c’est que le développeur, que nous appellerons tendrement Shiny, et ici plus précisément Nick Bruty, savaient vraiment y faire avec les histoires complètement décalées du reste du monde vidéoludique. Le titre du jeu, tout d’abord, n’a pas vraiment de signification officielle, parce que ça serait trop facile. Reviennent souvent le nom de code du projet, Murder Death Kill, en référence à Demolition Man et ses célèbres coquillages, Migration De Kiwi pour le manuel français ou encore Max, Doc, Kurt pour coller avec les protagonistes du jeu… C’est à vous de voir, mais un récent message de Monsieur Bruty semble aller vers la première réponse. En parlant de héros, exit Jim le ver de terre, et bonjour Kurt Hectic, concierge chargé de l’entretien de la station spatiale du brillant mais frappadingue Docteur Fluke Hawkins. C’est de l’espace, loin de l’humanité, qu’ils voient le désastre qui est en train de s’abattre sur la Terre. En effet, des aliens œuvrent à ravager la planète avec d’énormes machines pompeuses de ressources et ne s’occupent guère de ce qui peut se trouver sur leur passage, que cela soit forêts ou ville. N’écoutant que son sens de la justice, le Docteur Hawkins décide rapidement de venir en aide à l’humanité qui l’a pourtant rejeté pour sa folie… Et envoie (donc) le pauvre Kurt à l’abattoir, non sans lui offrir l’aide de Max, un chien robot à quatre bras et amateur de cigares, mais surtout en lui fournissant une invention de son cru, à savoir une étrange combinaison TRÈS moulante qui fera aussi bien office d’arme, d’armure ainsi que de parachute percé permettant bizarrement de planer sans problèmes. La mission de notre héros, et donc de nous-même, est d’infiltrer les énormes machines, trouver le plus gros haut gradé des méchants qui pilote l’engin, et l’éliminer. Simple et efficace.

Une fois le « briefing » effectué, il est temps de lancer. Dans les airs, tout d’abord, chaque niveau commençant par un impressionnant parachutage au dessus des excavatrices aliens, et moment propice à récupérer quelques bonus pour bien débuter sur la terre ferme. Il suffit juste de attention à se manger de missiles et autres gros lasers. S’en suit l’exploration du niveau, et la découverte du jeu à proprement parler, qui n’est d’autre qu’un maintenant très classique TPS, mais qui autrefois avait le mérite de changer un peu, surtout avec tous ces Doom-like dans les parages. Du Third Person Shooter grand format donc, avec pour mots d’ordre le chaos et la nervosité. Difficile en effet de nier tout le joyeux bazar qui s’offre à nous, avec de l’ennemi à dézinguer, des séances de plateforming, et une poignée de mini-jeux et d’énigmes peu neuronaux pour agrémenter le tout. L’idée est que cela doit se passer rapidement, sans coupure. Pour y répondre, les déplacements sont rapides et répondent au doigt à l’œil, aucun changement n’est à signaler durant tout le déroulement d’un niveau. De base, notre héros dispose d’une simple mitrailleuse ainsi qu’une sorte de fusil de sniper avec un impressionnant zoom, histoire d’apprécier comme il se doit les têtes exploser, et dont le HUD semble tout droit sorti de la tête de H.R. Giger. Il sera possible de temps en temps d’obtenir d’autres armes aux munitions limitées mais à la puissance décuplée, de quoi se soigner avec pommes et poulets rôtis (Castlevania, est-ce bien toi ?), ainsi que quelques objets loufoques comme la plus petite bombe atomique du monde qui permet d’ouvrir les portes les plus récalcitrantes. Le titre prend place dans une poignée de mondes aux thématiques et aux architectures bien différentes, offrant aussi bien de grands espaces, propices aux longs contournements et aux gros ennemis, que d’exigus endroits où les sauts et parachutages millimétrés seront de rigueur.

20 ans après sa sortie, MDK impressionne encore par sa fraîcheur et sa solidité niveau gameplay. C’est fun, facile à prendre en main (même sur PC), avec des niveaux variés toujours agréables à découvrir et qui réservent pas mal de surprises visuelles souvent hilarantes. En effet, si changement de licence il y a, le développeur reste le même, et le soin apporté à l’humour est d’une rare pertinence, avec de nombreuses parodies, situations idiotes, et un bestiaire d’ennemis stupides que l’on pourra liquider de la manière la plus vile qui soit, avec une préférence personnelle pour les assauts de par les airs. Cette jaquette… Cette vidéo de fin made in France… On notera toutefois que le titre de Shiny n’est pas un monstre de difficulté et pourra être bouclé en deux après-midi de grand n’importe quoi général. Techniquement, si le poids des années se fait évidemment sentir, MDK demeure encore tout à fait regardable, surtout pour un jeu presque totalement en 3D – notre héros est un sprite 2D richement animé – qui tournait sans grincements grâce à un moteur finement codé qui ne réclamait qu’un bon processeur et pas mal de RAM. La claque visuelle offerte par le « simple » rendu logiciel fût grande à l’époque, et l’ajout ultérieur du support de cartes graphiques gérant la 3D permet d’encore plus apprécier (en 16:9 !) la patte graphique indéniablement originale du titre, métallique et crade au possible, avec des couleurs Jean-Pierre Jeunet-style. En plus des grandes maps à la distance d’affichage illimitée et de proposer au joueur de zoomer jusqu’aux deux yeux des ennemis, le moteur supporte sans broncher des environnements hautement texturées en plus de nombreuses idées visuelles comme des architectures en miroirs ou une implosion totale du niveau lorsque que l’on bat un boss. De plus, comme indiqué plus haut, l’action n’est jamais coupée par des écrans noirs, les temps de chargements étant camouflés par de courts couloirs ou des séquences de glissades. Difficile enfin d’oublier les compositions de Tommy Tallarico, qui, après s’être bien amusé à superbement porter les musiques d’Earthworm Jim sur support CD, offre ici une bande-son orchestrale pêchue et mémorable.

MDK
Appréciation
MDK incarne la patte Shiny en tout point. Délirant, nerveux, maniable et grisant, il demeure encore aujourd'hui un grand classique du jeu-vidéo d'action, avec son chaos sans fausses notes, son level-design de qualité, sa terrible bande-son et son univers graphique sans pareil. En somme, un titre qui n'a pas le temps, mais qui fait les choses bien. Personne ne s'y sera trompé côté accueil, et même si le jeu a été un peu oublié aujourd'hui, il eut un succès suffisamment important pour pousser Interplay, l'éditeur du jeu, à commander une suite qui sera au final assumée par le jeune BioWare, qui travaillait à cette époque sur son mythique Baldur's Gate. En effet, Nick Bruty, géniteur de MDK, quitta Shiny peu après la sortie du jeu pour fonder Planet Moon Studios, le studio à qui l'on devra Giants : Citizen Kabuto, et Shiny, peut-être en conséquence de ce départ, préféra se tourner vers d'autres projets, comme les sous-estimés Wild 9 et R/C Stunt Copter sur PlayStation, ou encore les ambitieux Messiah et Sacrifice sur PC. Dites donc, ça fait encore de quoi causer tout ça... En tout cas, MDK reste encore tout à fait d'actualité en 2017, et facilement trouvable dans une très bonne version PC sur GOG, poussable en 1080p sur des machines modestes. La version PlayStation, développée par Neversoft, constitue toujours une option, n'étant un pas mauvais portage, mais bien loin de la superbe proposée sur ordinateur personnel.
Points forts
De l'action non stop
Gameplay nerveux et fun
La patte graphique
Points faibles
Trop vite bouclé
Pas spécialement difficile