Seiken Densetsu : Children of Mana

Qu’elle ne fut pas mon attente ? Depuis son annonce, je ne cesse de l’espérer, prétendant à qui veut bien l’entendre que le meilleur soft de la DS arrive sous peu. Proclamer un jeu de la sorte, avant même y avoir touché, est digne du pire des préjugés. Pourtant, la folie m’habitant, je ne pouvais me résigner à le considérer inférieur à mes attentes. Mon ego ne pouvait tolérer une telle bassesse de la part de Square Enix : sortir un jeu ne répondant pas à toutes mes attentes, mes rêves et autres souhaits cachés. Comment pouvaient-ils échouer dans leur devoir ? Lorsque l’on a en tête Seiken Densetsu III ou Legend of Mana, il est inconcevable que la déception soit de la partie. Les équipes sont rôdées et savent à quel point leur soft est attendu. Aurions-nous dû faire connaître notre impatience ? Je ne le pensais pas et pourtant, dieu sait que cela aurait peut-être éclairé l’esprit de nos chers concepteurs…

Commençons par aborder un point sur lequel nul ne sera surpris du résultat : la réalisation. Elle est tout bonnement excellente. Les amateurs de 2D ne pourront qu’exulter au vu du résultat. Les personnages sont particulièrement détaillés et très fidèles à leurs modèles dessinés. Le travail des graphistes est donc remarquable mais celui du designer l’est tout autant si ce n’est plus. Le look des héros est à la fois enfantin et parfaitement accrocheur. Leur bouille fait plaisir à voir aussi bien dans les phases de jeu que pendant les dialogues. Le trait est fin, les couleurs chatoyantes et formidablement bien choisies. Les protagonistes de contes n’ont qu’à bien se tenir : ceux de Children of Mana pourraient facilement prétendre à en être également. Il suffit de voir la tête de héros que possède Flick. Il est l’exemple du héros dont on a l’habitude : à la fois courageux et gentillet. Il ne repousse pas mais n’énerve pas non plus. Je parlerai des personnages plus en détail plus tard. Pour le moment, continuons à décortiquer l’aspect technique du jeu, car il y a tant à dire. Même après l’avoir achevé, on y replonge pour admirer les décors qui nous impressionnent toujours autant. Ne serait-ce que le village du jeu. Les habitations et les arbres sont très bien dessinés et donnent un cachet inimitable à CoM. Enfin, quand je dis inimitable… il s’agit du même grain graphique que dans les autres Seiken. C’est en quelque sorte une des marques de fabrique de la série et c’est ce qui fait, en partie, son charme.

En ce qui concerne les donjons, le soin est toujours présent mais à moindre mesure semble-t-il. Ils sont jolis, c’est une évidence, mais les décors n’ont rien de transcendant. Les détails n’affluent pas, contrairement aux monstres, tous remarquablement réalisés. A croire que tout est fait pour bien faire ressortir les monstres… qui correspondent bien aux univers. Ils s’y insèrent à la perfection. Paradoxe ? Peut-être, en tout cas, l’ensemble est charmant et CoM ne devrait pas décevoir les fans sur le plan graphique, même si nous étions en droit de demander davantage de détails dans les nombreux donjons.
C’est bien beau de parler de donjons, mais il serait peut-être temps de dire pourquoi nous allons devoir les traverser.

Le jeu prend part quelques années après la fin de Secret of Mana. Alors que l’arbre Mana était en péril, un jeune garçon s’est dressé contre les bad guys de l’époque et a sauvé le monde par la même occasion. Cependant, à cause des méfaits commis, de nombreux orphelins ont fait leur apparition, dont nos héros. Comme dit plus haut, nous trouvons Flick, âgé de 15 ans, le héros de base. C’est celui qui vous proposera le style de combat le plus équilibré. C’est fou de constater que les jeunes de nos jours savent manier les armes avec une facilité déconcertante… A ses côtés, nous avons Tumble. Charmante jeune fille d’un an de plus, elle manie l’arc avec bonheur, ce qui ne l’empêche pas de pouvoir manipuler d’autres armes, comme ses compères. Il y a également Pop de 9 ans. Expert en magie, il semble particulièrement vulnérable, ce qui est le cas en combat rapproché (peu de MP, défense plus que moyenne) mais ses sorts sont puissants. Le quatrième personnage, le dernier révélé avant la sortie du titre, est Nikita, Wanderer Nikita. Tout est dans son nom et quand on sait qu’il est marchand, il n’est pas difficile de deviner que ses affaires ne sont pas toujours ce qu’il y a de plus légales. Il est un représentant de la série des Seiken et devient jouable dans cet épisode.

Tous ces personnages se trouvent actuellement sur l’île d’Illusia. La vie était paisible et il faut dire que l’ambiance est des plus reposantes puisque tout le monde semble s’entendre pour le mieux. Cependant, un tremblement de terre va survenir. Les différentes races cohabitent sans l’ombre d’un problème et même les élémentaires de la nature, au nombre de huit, (Dryad, Jin, Salamander, Luna, …) squattent ce lieu paisible. Le phénomène climatique n’est pourtant pas anodin et provient d’une tour. La jeune Tis est déjà partie pour une inspection des lieux. Problème : ce n’est pas une combattante. Ainsi, les héros devront la secourir. Toutefois, ils vont rencontrer alors un homme pour le moins agressif. Le même que vous pouvez découvrir sur certaines photos, qui a apparemment bien suivi ses cours de ténébritude. Alors le monstre invoqué par notre nouveau « Gros méchant » paraît invincible, l’épée Mana refait surface pour nous aider. L’ennemi est vaincu mais la réapparition de l’épée est signe d’un malheur proche. L’aventure démarre alors enfin.

Le scénario est donc très simple, les rebondissements ne seront pas légion malheureusement. Les phases de dialogue ne sont pas très longues et il est clair que celles de jeu sont privilégiées. Certains en seront soulagés, d’autres moins car c’est en général un signe à une histoire défaillante. En tout cas, c’est un parti pris évident.

Puisqu’il s’agit de la partie principale du jeu, il est normal d’en parler un petit moment. Tout d’abord, à l’instar des précédents, vous ne contrôlez qu’un personnage, mais la principale différence se fait que vous n’en aurez qu’un seul dans votre équipe jusqu’à la fin du jeu. Les trois autres peuvent être pris en multi mais ne vous accompagnent pas pour autant durant le mode solo. Et pourtant, dieu sait qu’ils seraient utiles dans les derniers donjons, bien longs et bourrés de monstres. Je dis bien bourrés : ils pullulent et ils vous arrivera fréquemment d’être confrontés à une demi-douzaine d’ennemis en simultané, si ce n’est plus. Autant dire qu’il est préférable de savoir jouer correctement et surtout de posséder un perso puissant. L’abondance de monstres dans de petits périmètres a généralement une forte influence sur votre barre de vie. Enfin, ceci n’est qu’une observation personnelle…

Pour les plus mauvais qui ont tendance à mourir souvent, l’écran de Game Over n’existe pas. A chaque décès, vous réapparaissez au village avec toute votre expérience, tous vos objets et tous vos sous. Forcément, cela fout un coup à la difficulté du jeu mais cela s’inscrit dans la politique de Nintendo : rendre les jeux accessibles à tous. Square Enix a suivi.

Pour en revenir aux combats, ils se déroulent comme par le passé. Vous appuyez sur un bouton et le héros tape. Si vous maintenez, vous pouvez utiliser une action secondaire, variable en fonction de l’arme.
Comme vous le savez sûrement, le héros peut utiliser plusieurs armes, quatre pour être plus précis. Elles s’obtiennent rapidement dans le jeu et ne servent malheureusement pas tant que ça. L’épée est un grand classique. Au départ peu puissante, elle se révélera l’arme de toutes les circonstances. Etant donné sa rapidité, elle devient indispensable à la fin du jeu. Le grappin vous servira occasionnellement pour saisir les objets situés sur des plates-formes éloignées. Rien de bien nouveau. Il est utile lorsque le héros est encerclé puisqu’il permet de faire le ménage tout autour de soi tel un fouet.

Nous trouvons ensuite l’arc. Absolument inutile du début à la fin, cette arme n’est là que pour contenter les joueurs aimant tuer les ennemis de loin. Sauf que Square Enix a oublié d’offrir à l’arc une portée de tir. En effet, celle-ci est ridicule et ne permet pas de camper pour éviter d’être touché.
Nous finirons avec le marteau. Ce dernier présente, quant à lui, un réel intérêt puisqu’il permet de détruire les roches et les plantes trop envahissantes. A certains endroits, il permet d’appuyer sur des interrupteurs afin d’avancer. De par sa force, il peut expulser les ennemis particulièrement loin et créer des secousses.
Personnellement, mon duo d’armes, puisqu’il est possible de disposer de deux armes en permanence équipées, c’est épée/marteau. Les deux autres sont si peu utiles que je les emploie presque jamais.
Si l’univers de Seiken Densetsu se prête aisément à la magie, les développeurs se sont dit que ce n’était pas la peine de trop développer ce point. Résultat, les magies sont inutiles.
Il est possible de choisir une divinité afin d’orienter ses sorts : Salamander pour le feu, Wisp pour le soin, Ondine pour l’eau, etc… A chacun de voir selon sa façon de jouer.

En ce qui me concerne, vu que j’ai opté pour ma première partie pour un guerrier, j’ai pris Wisp afin de disposer de sorts de soin. C’est la meilleure façon de se guérir, sinon, il faut utiliser des items. Il est possible d’en stocker 8 maximum par type d’objet (8 bonbons, 8 tablettes de chocolat, 8 plantes, …). Ce nombre limité d’objets en même temps, permet de rehausser la difficulté mais les items sont si peu chers que les renouveler à chaque fois ne pose pas de problème. Pour en revenir aux magies, elles disposent toutes d’une action principale et d’une secondaire. Leur fonctionnement est donc similaire à celui des armes. Je ne vous ai pas dis mais la maniabilité est enfantine : X pour l’arme principale, Y pour l’arme secondaire, B pour la magie et A pour utiliser un objet. Les gâchettes permettent de faire apparaître les inventaires d’objets consommables (donc pas d’équipement) et l’inventaire des armes. Durant les donjons, vous ne pouvez pas accéder au menu de gestion du personnage. Ceci n’est faisable qu’en dehors ou tous les quatre niveaux.
Ah oui, j’ai oublié de vous dire le bémol des donjons. Ceux qui voient des donjons à la Secret of Mana, Legend of Mana ou même Zelda, sont loin d’imaginer ce qui les attend. Pour vous situer l’affaire, nous avons le droit à un mixte entre Chocobo Dungeon, Diablo et Final Fantasy Crystal Chronicles. Chaque donjon est constitué de plusieurs parties, leur nombre varie, cela va de 4 à 12. Pour terminer un tronçon, il est nécessaire de trouver deux choses : la sortie (un téléporteur en forme de cercle lumineux) et un joyaux permettant de l’activer. Le but est donc de choper ce bijou et de se placer sur la sortie. Le joyau se trouve en règle générale en tuant tous les monstres du niveau, par moment, en en tuant un en particulier. Rien de bien original donc mais au final, cela donne un système particulièrement répétitif. Nous en arrivons donc au mauvais côté de Children of Mana.

Eh oui, la chose que nous ne pouvions pas voir sur les vidéo et autres screenshots, c’est la répétitivité de l’action. Le jeu se résume à visiter les niveaux et à tuer tout ce qui bouge. Arrivé à la fin d’un donjon, une scène s’enclenche, un boss débarque et une fois vaincu, il laisse place à des dialogues. Retour au village et rebelote : on part pour un donjon… Petite précision au cas où vous ne l’auriez pas deviné : il n’y a qu’un village durant tout le jeu… de taille minuscule qui plus est. Il comporte quelques magasins (objets, gemmes, quêtes), deux maisons visitables et des jardins. Le nombre de personnages avec lesquels l’on peut discuter est bien maigre lui aussi. Tis et Motie seront vos principaux interlocuteurs, les autres servent essentiellement à meubler. Ce nouveau Seiken Densetsu se résume donc à une succession de donjons et c’est tout. Les scènes ne sont pas spécialement passionnantes mais lorsque ce sont des dessins animés, on ne peut pas contenir l’immense sourire qui envahit nos visages. Les animés sont superbes. Vous voyez celui de Castlevania au début ? Celui de CoM l’explose sur tous les points : graphisme, design, animation, musique. La DS maîtrise très bien le procédé des scènes animées, tout comme la 2D si l’on en juge par les magnifiques décors du jeu (si vous voyiez ceux d’ouverture de chaque donjon…mamamia !!). Pourtant, cette 2D irréprochable occasionne des ralentissements dans les donjons, mais aussi dans le village. Le héros ralentit par instant tout seul quand on va vers les maisons.

C’est à croire que Square Enix a voulu sortir un jeu pour DS et c’est tout, pas de « faisons un hit pour la DS ! ». C’est dommage car, comme je l’ai dis plus haut, le jeu est une perle graphique et est doté d’un système de jeu efficace et très simple. Imaginez qu’en plus, la bande son, signée Kenji Ito (les Romancing SaGa, Chocobo Dungeon ou encore Sword of Mana) a réellement fait du bon boulot. Comme à son habitude, l’artiste nous propose de très bonnes musiques, à la fois enchanteresses et épiques, elles égaient le jeu de la meilleure des façons. Des voix digits sont aussi à déplorer mais ce n’est rien, les musiques rattrapent allègrement le tout. Les bruitages sont eux aussi excellents. Rien à redire donc sur la bande son.

Continuons dans cette alternance de points positifs et négatifs : la durée de vie. Elle n’excède pas les 15 heures de jeu. C’est relativement peu pour un action-RPG mais en plus, ce sont 15h durant lesquelles on fait toujours la même chose (village, donjon, boss, scène, village, donjon, …). C’est assez irritant par moment. Il y a bien des quêtes annexes pour nous pousser à retourner dans les donjons déjà fouillés mais ce n’est pas spécialement passionnant. Les joueurs disposant d’amis ayant le jeu pourront les convier à jouer en coop, mode qui permet de profiter davantage du soft mais qui ne tient pas particulièrement longtemps non plus. L’histoire ne varie pas et la difficulté paraît moins élevée…
Il est aussi possible de refaire le jeu avec un héros différent, ce qui n’occasionne pas de différences flagrance dans l’histoire malheureusement.

Square Enix a donc sorti un produit pour sortir un produit. Seiken Densetsu donne cette impression de jeu facile à développer : on fait une partie de jeu et on la copie-colle une douzaine de fois pour faire un jeu. Le paradoxe dans tout ça, c’est qu’on accroche tout de même. On se laisse berner et on joue quand même jusqu’à voir la fin. Certains pourraient appeler les joueurs aveugles des fanboys, oui, mais Children of Mana demeure un bon jeu. La déception est là, c’est sûr, mais il fait tout de même partie des meilleurs D-RPG de la console. Le problème vient peut-être du fait qu’il était trop attendu. Il permet de passer un agréable moment en tout cas, même si l’on peste souvent contre la répétitivité de l’action. Children of Mana est donc à découvrir mais n’est pas le messie que les fans d’Action-RPG attendaient.

  1. Ce jeu m’a fait rêvé quand il est sorti,
    Je me le suis d’ailleurs très vite procuré dans l’espoir de retrouver l’ambiance inimitable d’un Secret of Mana,

    Pourtant le côté extrêmement naïf m’a pas mal déçu. J’ai sûrement trop tendance à vouloir comparer les divers déclinaisons du cycle « Mana » à leur premier représentant « Mystic Quest » (alias seiken densetsu 1 au japon).

    Très bonne critique néanmoins, elle me donnerait presque envie de me repencher sur le jeu pour voir si je ne m’étais pas fourvoyé à l’époque de sa sortie… 😉

  2. Les Mana ne sont pas réputés pour être les jeux les plus « matures ». Comme tu le dis, peut-être a-t-il souffert de ta comparaison avec les précédents. En comparaison, je trouve un Golden Sun encore plus naïf.

    Le seul réel souci à mes yeux tient dans son orientation. Square a voulu diversifier la série des Seiken Densetsu plutôt que proposer des Action-RPG comme avant.

  3. Square-Enix a peut-être voulu proposer son Dungeon-RPG si cher aux joueurs japonais? Mais visiblement tout le monde n’est pas Chunsoft qui veut 😀

    Je crois posséder ce jeu, mais à la vue des critiques que j’ai pu lire et que je lit encore, je pense qu’il restera dans son blister.

      1. Mais si! Si je voulais un A-RPG comme Secret of Mana, je risque d’être un peu déçu… Et si je voulais un D-RPG je risque d’être déçu aussi. C’est un bon jeu mais pas vraiment le meilleur de la console… Je vais plutôt me finir Legend of Mana 😀

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *