Uncharted 2 : Among Thieves

Vitrine technologique de la Playstation 3, l’équipe de Naughty Dog avait su montrer ce que la console avait dans le ventre au travers d’Uncharted : Drake’s Fortune. Offrant une très belle aventure et amenant un nouveau héros sur la scène jeu vidéo, le jeu a su étonner les plus réfractaires au genre. Naughty Dog ne s’en est pas pour autant contenté et revient deux ans plus tard avec une suite qui s’amuse à gommer une à une toutes les faiblesses de sa préquelle…

Nous avions laissé Nathan au sortir de sa recherche de El Dorado. Un an plus tard, il se lance sur les traces de Marco Polo, qui aurait découvert la légendaire vallée de Shambhala. Cette aventure lui est proposée par un ancien collègue, Harry Flynn, et sa charmante coéquipière, et accessoirement ex-copine de Drake, Chloé ; mais leur route va les amener à s’opposer, pour certains, au redoutable Lazarevic, homme de guerre, sans foi ni loi, chauve, qui désire faire main mise sur le monde. Rien que ça. Son petit côté candide aidant, Nathan se retrouve très vite embarqué dans une succession d’événements incroyables, en tentant désespérément de faire cohabiter les charmantes jeunes filles qui l’entourent. Plus encore que dans Uncharted premier du nom, Nathan est un personnage attachant que nous suivons sans l’ombre d’une hésitation dans toutes ses péripéties. Celles-ci le mèneront un peu partout sur le globe, et ce même aux confins de l’Himalaya à la recherche de la pierre de Chintamani. Pour s’enorgueillir de faire voyager ses joueurs, Uncharted 2 Among Thieves se donne les moyens et leur offre une mise en scène digne des plus grands films Hollywoodiens.

De la scène-clé au moindre pas, le cadrage se veut pertinent et met en valeur l’action. Les vues en sont donc magnifiées pour nous passionner pendant près d’une dizaine d’heures. Le pitch a beau se trouver aux portes du classicisme, il est appuyé par une mise en scène exceptionnelle et des dialogues toujours fort à propos et très bien écrits. Ils sont justes et sont le reflet d’une véritable personnalité insufflée à l’ensemble des personnages du casting. Les seconds rôles trouvent ici matière à se développer et occuper une place sur la scène aux côtés de Nathan et non loin derrière comme dans le précédent volet. A cela, il faut aborder le point le plus impressionnant de la production de Naughty Dog : le rythme. Si la construction d’Uncharted Drake’s Fortune était hachée, celle de Among Thieves monte en puissance du début très didacticiel, mais à la narration exemplaire à coups de flashback très bien ancrés, à la fin grandiose. Les paysages évoluent, les ennemis sont plus forts, plus variés, plus intelligents, l’alternance entre les scènes de combat, d’exploration et d’énigme est désormais parfaitement équilibrée, empêchant de poser la manette.

Les gunfights ont été repensés et fini les interminables confrontations, emplies de bugs et aux échappatoires restreintes. Les situations diffèrent à chaque fois, que ce soit l’architecture des lieux, les ennemis affrontés – soldats armés de lance-roquettes, char, hélicoptères – les situations – au sol, sur un train à pleine vitesse, dans une ville en feu, en pleine montagne – et le nombre de coéquipiers auxquels nous avons droit. Leur IA a été fortement améliorée, ce qui les amène à réellement vous épauler, et non simplement vous suivre. Ils sont par ailleurs plus souvent devant vous que derrière vous, et agissent enfin réellement sur la partie, sans non plus être irréprochables. Pas parfaits mais tout à fait suffisants. La répartition des armes et des munitions nous obligent très souvent à changer de stratégie et à nous adapter à l’arsenal mis à notre disposition. Les adversaires se veulent plus précis que par le passé et réagissent plus vite. Nous ne verrons que rarement un soldat foncer tête baissée sur nous, il tentera plutôt d’avancer petit à petit, se cachant derrière le moindre élément du décor tandis que ses comparses le couvre. S’il nous voit camper un peu trop, il n’hésitera pas à nous déloger à l’aide d’une grenade. A nouveau, leurs réflexes ne sont pas irréprochables mais sont suffisamment réalistes pour intensifier de manière significative chaque échange musclé. Le corps à corps n’a pas été oublié. Il a été simplifié et fluidifié en ne requérant désormais plus que la touche Carré pour frapper, le Triangle servant maintenant à retourner la situation.

Du côté exploration, Uncharted 2 nous donne l’illusion (de Drake… oh oh !) de nous laisser libre de nos mouvements. Les environnements, extrêmement denses, sont savamment pensés pour vous faire cogiter sur le chemin à choisir. Mais comme beaucoup de titres du genre, la luxuriante végétation ou l’immensité des villes ne sont que poudre aux yeux dans un titre qu’on ne peut difficilement faire plus linéaire. Certains recoins requièrent certes un peu plus d’exploration que d’autres, à la recherche des trésors nécessaires à l’obtention des trophées, mais le joueur n’a jamais le choix de sa destinée. Et si cela peut être une considérable contrainte sur le papier, l’enrobage et la mise en scène font que nous nous en rendons compte qu’une fois le générique final atteint. La galette dans la console, nous sommes davantage admiratifs devant l’agilité de Drake capable de s’agripper à la moindre corniche ou brique mal encastrée. A en faire pâlir Lara Croft ou le Prince de Perse. L’agencement des niveaux est si bien pensée que la progression se fait avec un naturel déconcertant, les différents lieux étant généralement séparés par des cinématiques passionnantes et suffisamment courtes pour ne pas faire retomber l’adrénaline. Cette dernière disparaît totalement lors des phases de réflexion et d’énigmes, lesquelles nécessitant une analyse du carnet tenu par le héros. Carnet qu’il est très amusant de parcourir pour découvrir moult références à l’aventure précédente ou aux conquêtes de Nathan… Toutes très simples et pouvant être résolues en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elles ne sont là que pour calmer le jeu et pour stabiliser le schéma narratif.

Il n’en faut pas plus pour décerner le prix de l’immersion à Among Thieves. Mais ce n’est pas tout. Non content d’avoir gommer la quasi-totalité des défauts de Drake’s Fortune – à un ou deux bugs près – les gars de Naughty Dog se sont même permis de pousser la Playstation 3 comme nul autre studio ne l’avait fait auparavant. Que ce soit à distance ou à proximité, les textures ne cessent de nous sourire. Il est très difficile de prendre le moteur à défaut, le nombre de ralentissement frôlant le zéro et les temps chargement sont aux abonnés absents. Le jeu est d’une fluidité ahurissante, et envoie à des kilomètres derrière tous ses concurrents du même genre. Fi de son propre studio de Motion Capture, Naughty Dog nous offre des personnages plus vrais que nature, tous avec leur identité, que ce soit visuelle ou textuelle – à noter l’excellence du doublage français, encore une fois. Pourtant, les explosions ne manquent pas, les panoramas à perte de vue s’enchainent à vitesse grand V sans que nous ne décelions de réelle faiblesse. Quelques soucis de collision par-ci, un cadavre fou par-là, nous sommes loin des errances du premier tome. Et si en plus, la bande son, très bonne auparavant, se voit boostée aux élans épiques tout au long de l’aventure, que demander de plus ? Un mode multijoueur peut-être et c’est pourquoi le jeu à plusieurs apparaît dans cet épisode au travers de plusieurs modes, du capture the flag au death match en passant par des missions spéciales en coopératif et du survival en arènes. Loin de n’être qu’un ajout anecdotique, ce mode bénéficie des mêmes qualités que le jeu en solo en ce qui concerne sa prise en main, son rythme et le plaisir de jeu.

Plus beau, plus long, au rythme tout simplement parfait, Uncharted 2 : Among Thieves se paie le luxe de ridiculiser son ainé, pourtant très bon, en plus de tous ses petits camarades de l’action-aventure. Naughty Dog a fait un travail de forcené pour pousser son œuvre à un tel degré de perfection visuelle et artistique. Le titre a beau ne pas être irréprochable sur tous les tableaux, avec juste la mention bien en ce qui concerne l’IA et le scénario, il se rattrape complètement de par sa mise en scène sans faille. La Playstation 3 tient avec Among Thieves une sacrée exclusivité. Quelle aventure !

  1. Très bon test Vidok ! 😉

    C’est Among Thieves qui m’a fait acheter une PS3 sur le tard, et je n’ai pas été déçu. Jeu splendide, aventure prenante, pleine d’action. Je me suis même surpris à aimer les parties multi en ligne (d’habitude, j’ai horreur de ça…). Comme tu le dis, c’est une sacrée exclusivité !

  2. Excellente critique Vidock.
    Je suis bien evidemment 100% d’accord avec ce que tu dis dans ton test. Ca rend hommage au meilleur jeu de la trilogie.
    Et tout comme Kenshiro, c’est ce jeu qui m’a fait acheté une PS3. 🙂

  3. J’ai déjà assez exprimé mon avis mitigé un peu partout. L’ennui avec cette série, c’est qu’il s’agit d’un blockbuster ultra-calibré, avec tout le mérite que l’on doit reconnaître à Naughty Dog, parce que ça ne se fait pas tout seul. Mais ça n’est « que » ça. Avec de tels moyens ça pourrait être tellement plus.

    Du coup je trouve que ce sont des jeux très aboutis sur la forme, mais extrêmement paresseux sur le fond. J’ai ressenti du 1 jusqu’au bout du 3 une réalisation qui écrase complètement le potentiel ludique et artistique du jeu. Et comme chez moi les émotions passent plus par une écriture chiadée que par une réalisation grand spectacle, forcément je ne suis pas très client.

    Ce que je regrette encore plus, c’est que lorsqu’on parle du 3, par exemple, qui comporte des séquences de gameplay assez anthologiques, on continue toujours de parler narration, graphismes et mise en scène. Comme si les moments où Uncharted ressemblait plus à un jeu vidéo étaient les moins intéressants pour quiconque est adepte de la série.

    Exemple : l’un des meilleurs moments de la saga pour moi est la fusillade dans la tempête de sable du 3, car tout d’un coup le graphisme, la technique et la situation influent de manière jouissive sur le gameplay et la façon d’appréhender ce gunfight. Mais ce n’est pas une séquence autant citée que celle surfaite et peu intéressante de la cale du cargo, par exemple, plus spectaculaire en terme de mise en scène, mais avec un gameplay proche du néant… C’est un peu ça qui est dommage, avec cette série.
    J’aimerais vraiment que Naughty Dog revienne à des choses plus ludiques quand même, parce qu’ils savent très bien le faire. Guettons:p

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