Les Rebelles de la forêt

Comme toutes les adaptations cinématographiques, le jeu des Rebelles de la forêt effrayait. Les développeurs aiment bien profiter du buzz autour d’une œuvre pour vendre leur produit pour lequel aucun soin n’a été apporté. Il suffit de voir Cars ou Happy Feet sur le même support pour être définitivement fermé à toute adaptation. Cependant, Les Rebelles de la Forêt semblait plus prometteur que les autres, respectant plus ou moins fidèlement l’ambiance du film. Mérite-il la peine que vous dépensiez vos maigres deniers dans son achat ? La réponse se trouve dans les lignes qui suivent.

Pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir le film d’animation, il me paraît essentiel de rappeler le scénario. Comme vous vous en doutez très certainement, il ne vole pas haut et fait la part belle aux bons sentiments, jeune public oblige. Il met en scène l’ours domestique Boog qui va fortuitement rencontrer le cerf Elliot. Le premier vit en ville, chez Beth, la garde forestier. Il ne connaît rien de la vie sauvage et aime se faire dorloter par sa maîtresse. Comme quoi les ours ont les mêmes occupations que les hommes… Le second a été capturé par Shaw, le chasseur fou comme on l’appelle. La particularité de notre cher ami est qu’il ne possède qu’un bois, ce qui en fait un précieux trophée pour tout chasseur qui se respecte. Par un fabuleux hasard, les deux animaux vont se rencontrer et sitôt Elliot délivré, la vie de Boog va se retrouver totalement chamboulée. Tous deux vont se perdre dans la forêt et leur but premier sera de rentrer à Timberline. Toutefois, le charisme de Boog faisant, il va très vite devenir le héros de tout le peuple animal, aux prises avec les chasseurs du coin.

L’épopée qui nous est contée ne recèle donc pas de grands rebondissements mais à l’instar de nombreuses œuvres passées, l’accent a été mis sur l’humour et le couple improbable que forment nos deux compères. Il n’est d’ailleurs pas sans rappeler Shrek et son ami l’âne. Tous les principaux protagonistes de l’histoire, à l’exception des chasseurs et de Beth, sont d’origine animale. Vous rencontrerez ainsi Rose et Maria les putois, Reilly et sa troupe de castors absolument géniaux ou encore Serge accompagné de son escadrille de canards traumatisés. La clique est des plus variées et c’est tant mieux. Saluons par la même occasion l’excellent doublage français qui les rend irrésistibles. Des castors qui vous envoient promener avec un somptueux accent canadien, mine de rien, cela fait sourire. C’est inévitable. Mais les dialogues ont beau être humoristiques, ils sont fortement appuyés par les actions réalisables dans le jeu.

Pour affronter les méchants chasseurs, il vous sera possible de leur lancer des lapins au visage, envoyer un putois dans la zone protégée ou encore balancer des hérissons à l’aide de bois et d’un soutien-gorge. De toute façon, le seul moyen de faire fuir définitivement un ennemi sera de lui faire peur. De par sa carrure, Boog est le héros parfait pour cette tâche. Il s’agira alors de s’approcher de l’homme sans se faire voir. Si vous avez pratiqué l’une des actions décrites plus haut, le chasseur sera déjà sonné et ce sera simple. Sinon, une partie de cache-cache, très sommaire, s’engage : vous devez vous approcher et vous travestir en arbuste. Ce mode furtif se pratique en dirigeant la wiimote vers le ciel et le nunchuk vers le bas, le but étant de s’approcher suffisamment pour grogner à l’oreille du chasseur et ainsi le faire déguerpir. Même si vos ennemis se limiteront aux chasseurs, il y aura d’autres dangers tels que les pièges et les descentes forcées. Ces dernières permettent d’apporter un brin de variété au gameplay, ce qui, avouons-le, n’est pas de refus. Il arrivera à plusieurs reprises dans le jeu que nos héros doivent dévaler une pente enneigée ou traverser un fleuve étrangement mouvementé. La prise en main change alors du tout au tout, laissant le nunchaku s’effacer au profit d’une utilisation horizontale de la wiimote. Un poil plus ardues que les phases d’aventure, elles permettent de hausser le niveau de difficulté du jeu. Dans l’ensemble, Les Rebelles de la Forêt reste un titre très accessible et au challenge peu corsé. Le jeune public visé ne devrait donc pas avoir trop de mal pour en venir à bout en quelques après-midi. 6-7 heures seront requises pour afficher le générique de fin. Et c’est bien là tout le problème du soft : sa faible durée de vie et son manque flagrant d’ambition (il ne s’agit que d’une adaptation de film) ne devraient pas vous pousser à la consommation.

Néanmoins, il ne serait pas fou de vous conseiller Les Rebelles de la Forêt. Même s’il ne se révèle pas comme un indispensable à l’achat comme peut l’être Zelda, il reste un très bon divertissement. La navigation se fait sans problème majeur. La manette Wii est bien employée et même si l’ensemble parait limité au premier abord, après quelques minutes de jeu, on ne réfléchit même plus à comment jouer : on joue. Le joueur qui prend la manette pour la première fois ne sera perdu à aucun instant tellement les menus d’aide sont nombreux et très bien faits. Sans compter que certaines actions s’exécutent presque pour le plaisir. Je citerai ne serait-ce que le lancer d’Elliot, ce dernier ayant toujours un bon mot pour vous faire rire. L’ambiance bon enfant du titre est renforcée par la bonne réalisation graphique. Davantage similaire à celle sur Playstation 2 et GameCube que Xbox 360, elle n’en reste pas moins d’un bon niveau. La distance d’affichage est plus qu’honnête et le style du film est parfaitement respecté. Si les décors peuvent sembler dépouillés, il faut reconnaître qu’ils remplissent tout à fait leur tâche, à savoir donner l’impression de naviguer dans un dessin animé. Les personnages n’échappent pas à ce phénomène : la fourrure de Boog est plus qu’agréable à l’œil. On notera de légers ralentissements quand l’aire de jeu devient trop grande mais rien de bien dramatique. Le moteur serait-il en difficulté dès que l’on sort de chemins pré-tracés ? Sachez donc que le jeu se présente comme le summum de la linéarité. Vous ne pourrez jamais dévier de votre route. Il s’agit de l’un des critères entraînant cette faible durée de vie mais cela permet également de ne pas se prendre la tête durant l’avancée.

Les Rebelles de la Forêt est en effet un titre qui détend. Les décors chatoyants, les blagues pourries de notre ami Elliot, les dialogues emplis d’humour, les mini-jeux à pratiquer en cours de partie et tout simplement cette ambiance bon enfant font de ce titre un soft pour lequel il est difficile de ne pas ressentir de la sympathie. Malheureusement, son prix de vente en dissuadera plus d’un. C’est pourquoi je le recommande en occasion ou quand l’étiquette affichera un montant bien inférieur à 60€. A vous de voir. En tout cas, il est évident qu’il vous fera passer un agréable moment.