Final Fantasy III

Un Final Fantasy sur Nintendo DS, quelle bonne surprise ! Square Enix dans son infinie bonté et sa dévorante envie d’amasser toujours davantage de richesses a vu en la portable de Nintendo comme une poule aux œufs d’or des temps modernes, plate-forme sur laquelle n’importe quel jeu pourrait se vendre bien plus qu’autre part tout en coutant moins cher qu’un gros titre sur console de salon. Entre un Final Fantasy XI qui a valu à la direction de Square quelques cheveux blancs supplémentaires et celui d’un Final Fantasy III bien plus aisé à promouvoir, il y eut une différence notable. Alors certes l’exemple peut paraître excessif mais créer un jeu sur Nintendo DS demande bien moins de ressources qu’un sur console nouvelle génération. Sans compter qu’il suffit de jeter un œil aux produits DS en cours de développement dans les studios de la firme pour comprendre le quasi monopole de la portable dans les plannings de sortie. Un Front Mission par ci, un Revenant Wings par là. It’s a Wonderful World que tente de nous imposer Square en nous placardant un jeu par mois dans nos rayonnages préférés. C’est donc l’euphorie dans les rangs mais attention aux déboires.

Final Fantasy III est de toute façon un titre à respecter. Il y en a sur lesquels on peut cracher si on le désire (FFVIII), certains tendent le martinet pour se faire battre (FFX-2) mais le troisième FF (feufeu, aifaife, vous le lisez comme vous le sentez…) se doit de rester intouchable. Pourquoi donc ?

Ce ne sera pas grâce à son scénario malheureusement. Je rappelle la sortie de la version Famicom : 1989. 18 ans ? C’est tout à fait cela. Autant dire qu’à l’époque, les scénarios où le héros possédait deux personnalités, dansait amoureusement la lambada, violait l’héroïne dans le premier lac venu ou encore était en réalité un tueur en série schizophrène amnésique qui s’ignorait n’étaient pas encore au goût du jour. Si l’on considère que l’autisme est un trouble précoce qui entraîne un déficit des fonctions cognitives, linguistiques et psycho-relationnelles ; alors nos héros sont autistes. Toutefois, ce n’est pas ici le test de la version d’antan mais de celle parue sur DS. Entre temps, ils ont eu le temps de changer, de faire un passage par Lourdes et ô miracle ! Ils parlent ! Et devinez quoi, ils ont même une pseudo vie privée avec des parents et des amis. Square a en effet tenu à humaniser ses personnages et leur a donc offert le don de la parole. Ils peuvent donc communiquer avec les pnj mais les amoureux de la prose grandiloquente ne pourront pas savourer les dires de chacun, cela reste très classique. L’histoire a par la même occasion été étoffée. Nous retrouvons toujours nos chers protagonistes choisis par la volonté du cristal pour restaurer le monde et contrer la vilaine menace venue d’on ne sait où. Le scénario reste donc égal à lui-même, ce sont surtout les scènes de transition et de parlotte qui ont été améliorées voire tout simplement créées pour l’occasion. Une mise au goût du jour qui fait plaisir et qui permettra aux vieux gamers qui l’ont retourné dans tous les sens par le passé de s’y replonger. Quand c’est bon, on y revient avec plaisir, non ?

Modification majeure apportée au titre : l’utilisation des capacités 3D de la console. Nous vendre un bête portage Famicom aurait sûrement provoqué quelques railleries dans le camp des fans. Conscients de cela et grands seigneurs, les développeurs ont donc dû concevoir des environnements entièrement polygonés pour l’occasion. Autant dire que notre chère DS se voit enfin réellement exploitée et que cela ne déplaise aux amoureux de PSP, elle en a sous l’écran la petite. D’entrée de jeu, il faut reconnaître que l’introduction de quatre minutes en images de synthèse nous avait mis la puce à l’oreille. La puce sonore s’en sort d’ailleurs merveilleusement bien et nous offre des musiques absolument grandioses pour une console portable. Maître Uematsu a pour l’occasion décidé d’arranger toute la bande son du titre et nous nous retrouvons à écouter de superbes mélodies et ce dès le début de partie. Du beau boulot qui contraste légèrement avec les ralentissements qui surviennent pour d’inconnues raisons sur la carte du monde ou pendant certains combats. Quand on sait ce que la console est capable d’afficher, c’est étrange. Doit-on également parler des temps de chargement ? Je pense que oui malheureusement : chaque changement de zone ou début de combat vous plongera dans le noir le temps de quelques secondes. Aucun immonde « Loading » n’apparaîtra à l’écran mais une fois encore, nous sommes surpris du temps que cela prenne. Comme un deuxième effet kiss cool, après le coma de l’image en début d’affrontement, l’écran du haut nous fait un black out total tout du long. Seul l’écran du bas affiche une image pendant les combats. Square Enix aurait sûrement pu trouver une utilité à ce deuxième écran.

Cependant, le plaisir de jouer l’emporte vite sur ces menus défauts, car, malgré son âge, Final Fantasy III recèle moult éléments à découvrir. Le plus connu et le plus attendu est le système de job. Les personnages sont tous Freelance par défaut. Vous avez très vite l’opportunité de changer leur garde robe pour les spécialiser. Contrairement à notre monde où se mettre en robe ou en jeans ne change que le regard de votre entourage, ici, un accoutrement différent vous octroie de nouveaux pouvoirs. Pour cette édition, les développeurs ont mis les bouchées doubles et vous offrent un choix de costumes, et donc de jobs proprement hallucinants : warrior, white mage, red mage, black mage, monk, samourai, karateka, invocateur, ninja, et j’en passe et des meilleurs. Vous en aurez pour votre grade vu leur nombre. Bien évidemment, la façon de jouer et d’appréhender les confrontations varie du tout au tout en fonction des jobs. Il est évident que vous n’affronterez pas un boss de la même façon si vous ne possédez que des mages ou que des guerriers. L’homogénéité devra très vite être votre dada si vous ne désirez pas perdre toutes les cinq minutes. Survient ici le problème majeur que rencontreront la plupart des joueurs : la difficulté du jeu.

Les développeurs ont apparemment désiré conserver le niveau de jeu d’antan. Si la plupart des RPG actuels sont enfantins à terminer, les Final Fantasy en particulier, ce ne sera pas le cas de celui-ci. Joueurs du dimanche détournez vos yeux de cet épisode, vos cheveux vous remercieront. Final Fantasy III a en effet le don d’horripiler les téméraires qui ne tenteront pas de s’entraîner en faisant du level up avant chaque boss. Traverser un niveau sans encombre est monnaie courante mais le risque de se faire rétamer en trois quatre coups bien sentis face au boss est grand. Combattre dans le but unique de faire grimper ses statistiques doit donc être parmi vos activités favorites pour réellement apprécier le titre. Cette difficulté sortie d’outre-tombe en découragera plus d’un mais ceux qui réussiront à s’en accommoder savoureront encore davantage leur avancée. Ils auront alors l’opportunité de découvrir les multiples ajouts de cette édition ô combien incroyables…

Le premier est l’utilisation du stylet pour naviguer dans les menus. Tout peut être sélectionné via l’écran tactile. Fabuleux ? Si l’on tient compte du fait que vous ne vous en servirez jamais, non. La croix directionnelle et les bons vieux boutons restent les meilleurs pour ce genre de tâche. Ils servent aux déplacements et aux différentes interactions avec l’environnement ; par conséquent, il est bien plus naturel de continuer à les utiliser dans les menus.

Dans les innovations, nous comptons également l’utilisation du wifi… pour envoyer des mails à ses amis. Les moggles postiers sont en effet présents à l’instar de ceux de FF IX et XI, par exemple. Si vous disposez d’une connexion, vous pourrez donc envoyer des lettres à des personnes que vous aurez au préalable inscrites dans votre liste de compagnons de jeu. En cours de partie, il est commun de poster des missives aux PNJ les plus importants que vous aurez croisés. Et, magie, il arrive que ceux-ci répondent, des banalités certes, mais c’est toujours cela de gagné. Des fois qu’il y en ait qui puissent penser se faire des amis au sein des PNJ…

Et enfin les moyens de transports, qui n’ont rien d’originaux mais arrêtons-nous y le temps de quelques lignes. Très vite, vous serez autorisés à parcourir la carte du monde et pour cela, rien de mieux qu’un véhicule. Le vaisseau de Cid viendra vite vous aider, ainsi que le bateau. Mais puisque cela ne suffit pas, vous trouverez également dans certaines forêts des chocobos qui vous permettront de traverser de grandes distances terrestres sans faire le moindre combat. Quand on sait à quel point le level up est important, je vous laisse seul juge du bien fondé d’une utilisation intensive de ce genre de monture. Il faudra faire attention à ne pas aller trop loin d’ailleurs, sous peine de rencontrer des adversaires bien trop forts pour vous. Difficulté quand tu nous tiens…

Que dire au final de ce Final Fantasy III ? Qu’il aligne les qualités et les entrecoupe de tares plus ou moins lourdes en fonction de vos préférences. Sa prise en main l’autorise à être joué par tous alors que son niveau de difficulté lui offre une mauvaise image chez beaucoup de joueurs. Le scénario n’est pas ce qui se fait de mieux mais le plaisir de le découvrir reste tout de même le plus fort. Il serait dommage de se priver de pareille aventure pour quelques phases de level up, passage sine qua non à une bonne progression. Il faut de plus prendre en compte le fait que ces phases permettent d’essayer divers jobs, interchangeables en cours de partie. Plutôt que voir ses boostages de personnages, il est préférable de les considérer comme des salons d’essayage. Il s’agit là d’une façon comme une autre de trouver un intérêt plus motivant que la montée en puissance. Dans tous les cas, passer à côté de Final Fantasy III constitue presque une hérésie tellement il se positionne déjà comme un classique de la ludothèque de la console et donc indispensable pour tout amateur de bon jeu, tout simplement.