Utopiales 2016 : Les rétrospectives

Les Utopiales, avec ses nombreuses salles de projection, sont toujours l’occasion de découvrir, ou de redécouvrir, des films d’antan avec tout le plaisir que peut apporter un grand écran et une installation sonore digne de ce nom. Cette année encore, le choix a été difficile tant la sélection des organisateurs a été pertinente et l’envie de (re)découvrir certains films sur grand écran a été forte. Pour ce qui est de coller au thème de cette édition, à savoir les machines, nous laisserons à notre lectorat de chercher les références, souvent évidentes, parfois moins. Mais commençons !


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Cronos de Guillermo Del Toro
Espagne, 1993, 90’, VOSTF

Inventé par un alchimiste du 16ème siècle, le Cronos est un petit objet doré renfermant un mécanisme mystérieux, qui a le pouvoir de donner la vie éternelle. Convoité pendant des siècles, l’objet réapparaît de nos jours chez un antiquaire mexicain. Celui-ci se laisse peu à peu vampiriser par sa découverte…

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AVIS DE MIZAKIDO :

Une vraie découverte que ce Cronos, moi qui ne connaissait pas la jeunesse cinématographique de Del Toro. Une première œuvre très réussie, avec une vision du vampirisme très éloigné de ce que nous sommes habitués à voir avec des productions américaines. Les maquillages ont certes un peu vieilli, mais globalement le film tient encore la route, avec des acteurs au top dont le jeune Ron Perlman, un scénario classique mais efficace, et tout simplement pour la pâte du réalisateur, déjà bien présente, avec ce Cronos. Une belle aubaine donc d’avoir découvert ça durant ce festival, d’autant plus en haute définition, format encore coincé dans les méandres de l’import.

AVIS DE VIDOK :

Le premier Del Toro. Voilà l’unique raison que j’avais en tête au début de la projection de Cronos. Il réinvente le film de vampire de manière tout d’abord étonnante et finalement pertinente. Dès ce premier long-métrage, le réalisateur mexicain appose sa patte désormais inimitable et entoure le récit de sa dose de fantastique dérangeant. La passion de Del Toro pour les rouages et les mécaniques bien huilées transperce déjà l’écran, tout comme son acteur-fétiche, Ron Perlman, déjà là et déjà imposant. Cronos accuse finalement assez peu son âge (23 ans) et offre un récit mystérieux et surtout au dénouement peu évident. Cette histoire d’artefact passionne et malgré le côté sombre de l’univers, s’affiche comme un très bon conte, un peu sombre, pour enfant, dans la veine d’un Labyrinthe de Pan quelques années plus tard.
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Le Géant de Fer de Brad Bird
États-Unis, 1999, 90’, VF

Quelque  chose  de  gigantesque  se  profile  à  l’horizon.  Hogarth  Hugues  vient  tout  juste  de  sauver  un  énorme  robot  tombé  du  ciel.  Le  jeune  homme  a  désormais  un  très  grand  ami  et  un  problème  encore  plus  grand  :  comment  garder  secrète  l’existence  d’un  géant  de  15  mètres,  mangeur d’acier ?

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AVIS DE MIZAKIDO :

Voilà une oeuvre qui prouve que les années 90 ne se résument pas aux Disney, surtout quand on confie ça aux bonnes personnes. Le Géant de Fer est le parfait film familial : drôle mais réfléchi, très riche en couleurs, plein d’émotions, il encore encore aujourd’hui excellent, surtout en terme d’animation, avec son mélange habile de 2D et de 3D. De l’ensemble des longs métrages d’animation produits par la Warner avant que ce dernier ragequit compte tenu des désastres de production et de box office, ce film reste véritablement le meilleur, en absolument tout points, et aura permis de lancer la carrière de Brad Bird, qui alla diriger par la suite de très très grands films chez Pixar, comme Les Indestructibles et Ratatouille.

AVIS DE VIDOK :

Le Géant de fer est un classique de l’animation et il faut dire qu’en le voyant, même en 2016, sur grand écran, il est bien difficile de ne pas apprécier cette histoire d’amitié entre un petit garçon un peu rêveur et ce robot géant sorti d’on ne sait où. Beau, le film l’est inévitablement, que ce soit dans son dessin que dans la beauté de ses scènes. Car émouvant, il l’est tout autant. Le traitement des hommes vis-à-vis de ce géant inconnu mais finalement inoffensif – si l’on ne le cherche pas trop – nous rappelle sans cesse les mécanismes souvent absurdes de défense de l’espèce humaine. Il se permet de dénoncer sans jamais perdre son statut de conte pour enfant. Ni simpliste, ni trop complexe, il navigue entre les deux publics sans jamais en perdre un seul nous faisant fondre devant tant de chaleur et de complicité. Un très beau film, à voir et à revoir, que les âges n’arrivent pas à altérer.

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Pacific Rim de Guillermo Del Toro
États-Unis, 2013, 131’, VOSTF

Les  Kaiju,  créatures  monstrueuses  venues  d’ailleurs,  ont  déclenché  une  guerre  qui  a  fait  des  millions  de  victimes  et  épuisé  les  ressources  de  l’humanité.  Pour  les  combattre,  une  armée  de  gigantesques  robots  a  été  mise  au  point
:  les  Jaegers.  Alors  que  leur  défaite  paraît  inéluctable,  les  forces armées ont recours à deux héros hors normes : un ancien pilote et une jeune stagiaire…

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AVIS DE VIDOK :

Pacific Rim est le plaisir coupable par excellence. De gros monstres, les kaiju, de gros robots, les Jaegers, des héros gentils, une mise en scène qui fracasse, une bande son épique et quelques personnages loufoques histoire de faire, encore un peu plus, rire le spectateur. Ce dernier est pourtant déjà à l’affût de la moindre référence au cinéma japonais et la japanimation. Del Toro ne s’est pas pris au sérieux malgré son budget de plusieurs dizaines de millions d’euros et cela se voit : entre le scénario tenant sur un post-it et les scènes hors de propos telles que celle des billes en pleine baston. Le réalisateur fait preuve d’un culot inimaginable pour transposer au mieux l’ambiance des films de monstres japonais, avec une ambiance shônen assez stimulante. Pacific Rim est aussi un feu d’artifice, avec ses explosions, des robots qui tombent en lambeaux ou ses kaijus toujours plus massifs. Les spectateurs qui tenteraient de le prendre au sérieux passeraient très certainement à côté de l’intérêt du film : ses références et son côté j’en-mets-plein-la-vue. Plus de deux heures de grands spectacles ou le rêve de l’enfant que j’étais, devant les animes de mecha se demandant comment cela rendrait dans un film live avec beaucoup d’effets spéciaux. Merci Del Toro d’avoir apporté la solution et de la plus belle des manières : Pacific Rim.

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Crash de David Cronenberg
Canada-Royaume-Uni, 1996, 96’, VOSTF

Un  couple,  dont  la  vie  sexuelle  s’essouffle  quelque  peu,  va  trouver  un  chemin  nouveau  et  tortueux  pour  exprimer  son  amour  grâce  aux accidents de voiture. À la suite d’une violente collision, ils vont en effet se lier avec des adeptes des accidents…

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AVIS DE MIZAKIDO :

Bien bien bien. Je m’attendais à tout en ayant vu marqué David Cronenberg, surtout à du trash… Et je n’ai pas été vraiment déçu sur ce point là. Après difficile de dire après que j’ai apprécié ce Crash, mais après c’était peut-être son but : mettre mal à l’aise, sans (presque) aucune limite, y aller franco sur le sexe, la violence et le encore sexe, pour une fresque malsaine, froide et chaotique, certes originale, mais qui ne sera VRAIMENT pas du goût de tout le monde. A choisir, pour combler un vide dans ma culture cinématographique du réalisateur décrié, j’aurais sans doute dû choisir moins hardcore… Ou revoir Tetsuo. Quoique.

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Christine de John Carpenter
États-Unis, 1983, 106’, VOSTF

La  première  fois  qu’Arnie  vit  Christine,  il  tomba  en  extase  devant  cette  beauté  aux  formes  éblouissantes.  C’était  écrit, ils  allaient  lier  leurs destins  pour  le  meilleur  et  pour  le  pire.  Mais  Christine,  la  belle  Plymouth,  modèle  57,  n’aime  pas  trop  les  rivales.  Gare  à  celles  qui  voudront  approcher Arnie 

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AVIS DE MIZAKIDO :

De très grands réalisateurs étaient représentés durant les rétrospectives de cette édition, et John Carpenter, maître de l’horrifique et de la science-fiction, était bien là, avec un film qui collait parfaitement au thème des machines, à savoir le fameux Christine. Une œuvre qui n’a pas spécialement vieillie visuellement, notamment pour son utilisation toute relative d’effets spéciaux, ou encore ces plans et sa photo habile. Pour l’histoire, difficile d’être maintenant apeuré par voiture démoniaque, mais la trame reste en générale toujours aussi efficace, bien ancrée dans les années 80, souvent drôle et toujours grinçante. Un grand classique qu’il est toujours bon de voir ou revoir pour le fun.

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Les Temps Modernes de Charlie Chaplin
États-Unis, 1936, 83’, VOSTF

Charlot est ouvrier dans une gigantesque usine. Il resserre quotidiennement des boulons. Mais les machines et le travail à la chaîne le rendent malade. Il abandonne son poste, recueille une orpheline et vit d’expédients. Le vagabond et la jeune fille vont s’allier pour affronter les difficultés de la vie…

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AVIS DE MIZAKIDO :

Un Chaplin sur grand écran ? Pourquoi bouder son plaisir, même si on l’a déjà vu une vingtaine de fois ! D’autant plus que Les Temps Modernes n’a absolument pas vieilli, que ça soit techniquement, où il reste encore très impressionnant dans ses plans et ses décors, ou sur le fond, avec ces sujets encore d’actualité comme le monde (souvent abrutissant) du travail, le chômage, la lutte des classes, la misère… Mais c’est du Chaplin, donc tout est traité sous la forme de la satire, avec beaucoup de moments plein d’humour (et toujours drôles) ou remplis d’émotion. Difficile de ne pas encore tomber sous le charme du film, surtout pour les scènes de l’absurde machine à faire manger, le tour de patins dans le magasin, ou la fameuse chanson de clôture.

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Steamboy de Katsuhiro Otomo
Japon, 2004, 130’, VF

En 1851, à l’époque de l’Angleterre victorienne, Ray, un gamin surdoué, réussit à maîtriser une nouvelle invention ultra puissante et dévastatrice. Il va l’utiliser pour lutter contre les forces du mal, sauver sa famille et Londres de la destruction.

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AVIS DE MIZAKIDO :

Pas mal d’animes sont diffusés durant le festival, mais cette année la palme en reviendra sûrement au classique mais quelque peu oublié Steamboy, réalisé en 2004 par Katsuhiro “Akira” Ōtomo. Le revoir permet de se remémorer quelques souvenirs d’un visionnage lointain, dans une petite salle d’un petit cinéma d’une petite ville. De bons souvenirs il faut dire, le film était et demeurant encore une prouesse technique tant l’animation est détaillée, superbe, dynamique, écrasant du même coup bon nombre de productions actuelles (je pense à toi, <harmony/>). Pour ce qui est de l’histoire, difficile de faire mieux qu’Akira, même si elle tient toujours debout et demeure agréable à suivre, en plus de proposer des thématiques intéressantes et de prendre place dans un univers uchronique plutôt pertinent, avec cependant un cast de personnages plutôt déséquilibré, mais il s’agit peut-être d’un problème tout simplement dû à la version française, qui a su rendre Scarlett O’Hara, la sidekick du héros, vraiment, mais alors vraiment insupportable.

AVIS DE VIDOK :

Steamboy est la définition même du blockbuster, un blockbuster de la japanimation. Le film d’Ôtomo a beau avoir plus de douze ans, il tient la dragée haute à toutes les dernières productions animées, qu’elles soient japonaises ou occidentales. Le souci du détail dans chaque rouage, dans chaque scène de poursuite, dans chaque monument sidère. Les équipes d’Ôtomo ne se sont pas contentées de situer leur intrigue dans le Londres victorien : ils l’ont tout simplement recréer, en y insérant suffisamment d’inédit pour intriguer et développer son sujet : la responsabilité des scientifiques. Avec son univers aux relants d’univers Jules Vernien, Steamboy se permet d’utiliser toutes les techniques possibles de dessin et d’intégration 3D, de manière tellement pointue qu’il en devient difficile de les différencier. Une prouesse à laquelle s’ajoute un scénario sans réel temps mort, avec une série de protagonistes hauts en couleur. Le seul raté pourrait le personnage de Scarlett, sans réelle profondeur et particulièrement énervante en VF – langue de la projection aux Utopiales. Steamboy est et reste un superbe spectacle, à découvrir et redécouvrir, sur grand écran ou en UMD…

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Playtime de Jacques Tati
France-Italie, 1967, 124’, VF

Des touristes américaines ont opté pour une formule de voyage grâce à laquelle elles visitent une capitale par jour. Mais arrivées à Orly, elles se rendent compte que l’aéroport est identique à tous ceux qu’elles ont déjà fréquentés. En se rendant à Paris, elles constatent également que le décor est le même que celui des autres capitales…

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AVIS DE MIZAKIDO :

Fan de Jacques Tati, je me devais de profiter des Utopiales et ces grands écrans pour voir Playtime en GRAND, tellement le film se prête aux grandes salles. On ne reviendra pas sur ce monument du cinéma français, véritable gouffre financier, aimé ou détesté. Je fais bien évidemment parti des adorateurs, tant cette oeuvre singulière demeure encore superbe et avant gardiste. En grand, on peut donc profiter de ces nombreuses particularités : des plans larges, géométriques, qui fourmillent de détails que l’on verra pas nécessairement avec un seul visionnage, un humour essentiellement visuel tant le film est noyé dans un bruit constant, avec pas mal de trouvailles drôles, mais aussi, en fond, une critique assez poussée d’une France qui goûte à la modernité, légèrement aseptisée et très bétonnée, où il arrive parfois de se perdre. Fascinant et toujours génial.

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