Fortress : La Fantasie Finale de GRIN

Mi-2008, probablement durant le développement de Bionic Commando et l’adaptation en jeu-vidéo de Terminator : Salvation, GRIN fût abordé par Yoichi Wada, le président de Square-Enix, avec un contrat des plus alléchants: travailler sur un spin-off de Final Fantasy XII, l’énorme RPG sorti sur Playstation 2 l’année auparavant, avec à la clef un cachet de 20 millions de dollars. La société nippone apprécie le travail et le style visuel créé par les équipes de GRIN. Les papiers signés, le projet Fortress est né.

La volonté du studio, affichée par les frères Andersson, fondateurs de GRIN, est claire et ambitieuse : révolutionner la célèbre série de RPGs. Selon leurs dires, durant les six premiers mois de travail Square-Enix ne donna pas un sous, malgré de bonnes relations avec le producteur nippon et un respect acéré d’un cahier des charges toujours plus difficile à tenir. Le contrat spécifiait un règlement par étapes selon la bonne avancée du projet. Mais rien. Pendant ce temps là, le studio accumula d’énormes dettes que les deux frères eurent du mal à éponger. Sortis entre temps, Bionic Commando ne se vendra pas aussi bien que prévu et Terminator fût très mal accueilli par la critique et se planta commercialement. Les éditeurs des précédents jeux développés tardaient également à payer. Plusieurs succursales, basées un peu partout dans le monde, furent fermées pour ralentir la dégringolade financière. Puis un jour Square-Enix ordonna à GRIN d’envoyer tout ce qui était en rapport avec Fortress… par fax. Même le code, les fichiers et les musiques. Cette absurdité poussa le studio suédois à leur transmettre un screenshoot de Final Fantasy XII en indiquant qu’il provenait de leur propre projet, pour les tester. Leur réponse : cela ne correspond pas au style FF, et finalement le style nordique pourtant recherché ne leur plaisait plus. Plus la peine d’insister.

Les lois suédoises n’autorisant aucun repêchage, GRIN ferma définitivement ses portes le 12 août 2009 victime d’une grosse avarie financière. A son apogée, jusqu’à 250 personnes travaillèrent dans les différentes structures implantées à Barcelone, Gothenburg et Jakarta. En guise de cadeau d’adieu et avec une certaine amertume, son staff dévoila au monde vidéoludique le fameux Fortress sur lequel il travaillait en secret et dont il avait grand espoir de bousculer la série.

De ce qu’on peut en voir, il s’agissait d’un jeu de rôles à la troisième personne basé sur le même moteur que Bionic Commando (le Diesel Engine), avec d’immenses environnements, des chocobos, un système de combat en temps réél et quelques prémisses d’un bestiaire mêlant monstres originaux et reprises de la licence. Le tout dans un style des plus européens. Davantage d’images peuvent être vues dans l’article consacré à Fortress sur l’excellent site Unseen 64. Les rumeurs veulent qu’Eidos Montréal, racheté en avril 2009 par Square-Enix, s’occupe actuellement de continuer là où GRIN s’est arrêté. Mi-2016, nous pouvons dire que le projet a été rangé dans un tiroir.

Pour conclure ce petit trivia, il est encourageant de noter qu’une multitude de petites sociétés furent créées à partir des cendres du studio déchu, à savoir Might and Delight, BitSquid, Trinity QA Studio, Outbreak Studios et Whiteout, qui semblent tous se focaliser sur des jeux téléchargeables, mobiles ou sociaux. Les frères Andersson ont également monté une nouvelle structure, mais une chose est sûre pour eux : ils ne travailleront plus pour de gros éditeurs.

  1. Connaissant mon intérêt à tout ce qui touche de près ou de loin aux FF, il est évident que je pleure l’abandon de ce projet. Mais plus encore une vision quasi-inédite d’un FF à l’occidental, c’est l’attitude de Square Enix que je trouve réellement déplorable. Comme tu le sous-entend, il est évident que ce projet a pas mal pesé dans la balance comptable, et peut-être même dans la qualité de Terminator Renaissance… C’est toujours triste quand un studio ferme ses portes. :/

  2. Il est certain que la fermeture d’un studio est toujours une très mauvaise nouvelle, mais au moins cette fois leurs fondateurs ont eu les tripes de dire pourquoi et ne pas rester dans un vague « difficultés financières ». Bien entendu, la faute n’est pas uniquement à rejeter sur Square-Enix mais l’attitude de ce dernier n’a pas dû aider GRIN à se relancer dans la course. C’est d’autant plus dommage que ce projet Fortress avait vraiment de la gueule.

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