Survivance #4 : Resident Evil 2

Quand Hideki Kamiya s'emmêle, ça fait des étincelles !

Enfermez-vous dans une pièce, seul(e), éteignez-les lumières, branchez le casque, et (re-)plongez avec nous dans le macabre univers des survival horror. De façon occasionnelle, Mizakido et Vidok vous proposent de revenir sur un titre, dans une ambiance décontractée, pleine d’anecdotes, de tranches de vie et d’infos en tout genre. Chaque jeu sera choisi par l’un des deux rédacteurs et chacun devra justifier de son choix, certains, vous le verrez, seront des plus exotiques… Attention, âmes sensibles s’abstenir, ça va gicler.

Vidok : Après moult tergiversations, ton choix s’est finalement porté sur Resident Evil 2, suite logique de notre Survivance #1. Un amour particulier pour ce second chapitre ?

Mizakido : Oh que oui ! Resident Evil 2 fait partie des jeux qui ont largement marqué mon passé de joueur pour différentes raisons. Sans parler de l’évidence même, à savoir que cette mouture estampillée “2” constituait la suite tant attendue d’un titre avec lequel on frémissait de peur, durant cette époque de naïveté, sans internet, où chaque annonce faisait l’effet d’une bombe au travers des magazines spécialisés, où l’on pouvait/devait se contenter que d’un seul jeu à la fois pendant des semaines, acheté avec notre argent de poche. Personnellement il s’agit de mon premier Resident Evil découvert day one, pas chez des amis de potes d’autres amis, et probablement celui que j’aurais le plus refait, encore et encore. Pensez-vous. Quitter le manoir pour se balader dans l’immense Racoon City, une réalisation plus explosive tout en gardant l’horreur et les sursauts du premier épisode, nouvelle direction dans sa bande son, deux personnages jouables présentés sur deux disques séparés pour la version originelle sur PlayStation, plus de secrets à découvrir, encore plus de monstres… La révolution quoi ! En excluant l’affectif, derrière ce second épisode se cache également une phase de développement qui aurait été catastrophique pour bien des développeurs, mais aussi l’apparition dans les credits d’une nouvelle tête en tant que producteur : au revoir Shinji Mikami, qui reste à la direction du projet, et bonjour Monsieur Hideki “Ask your mom” Kamiya, qui n’était pas encore à cette époque, un des principaux géniteurs de Devil May Cry, Ōkami ou Bayonetta et un véritable boute-en-train trolleur sur Twitter, mais bien en phase de le devenir.

Vidok : Monsieur Action avec un grand A. Dès le générique d’introduction, on sent que l’aventure sera un peu plus musclée, que l’on débute avec Léon ou Claire du reste. L’un, jeune recrue de la police, débarquant à Raccoon City pour son premier jour de travail et tombant sur un ensemble de zombies affamés, l’autre agressée dans un bar tandis qu’elle est à la recherche de son frère Chris – le héros du premier Resident Evil. Et tous les deux se voient séparés après qu’un camion-citerne leur fonce dessus, mettant une partie de la ville à feu et à sang. Sacrée entrée en matière. Si le premier volet faisait la part belle au virus-T, notre duo a affaire au virus-G, une souche différente, créée par le docteur Birkin, pote d’Albert Wesker, plus virulente et attirant toutes les convoitises. Ainsi, ce sont des personnages emblématiques comme Ada Wong – l’espionne dont Léon tombe amoureux – Sherry Birkin – la fille maligne du scientifique aidée par Claire – ou encore Hunk – le soldat d’Umbrella cité dans la plupart des volets suivants – qui apparaissent ici. Capcom nous refait le coup des deux aventures, avec quelques variantes selon le personnage choisi… mais là où ils vont plus loin, c’est qu’une fois le scénario terminé avec l’un, il est possible d’enchaîner sur l’histoire parallèle du second personnage à savoir ce qu’il fait en même temps. Ce qui donne 2 aventures totalement différentes pour un total de 4 scénarios, le tout sur deux CD sur PlayStation, ou 1 cartouche de 512MB sur Nintendo 64. Cette version est sortie bien plus tard mais Capcom a réussi à faire mentir les détracteurs de la console en y intégrant toutes les scènes en images de synthèse de la version originale, en qualité tout à fait acceptable. En plus d’offrir un jeu légèrement plus fin et quelques options comme la couleur du sang (rouge, vert, …, merci Nintendo), un placement aléatoire des objets pour ceux qui connaissent le jeu par cœur et 16 fichiers EX-Files explicitant des liens entre les épisodes.

Développeur
Capcom
Éditeur
Virgin Interactive
Année de sortie
1997
Supports
PlayStation
Nintendo 64
GameCube
Dreamcast
Game.com
PC

▲ Vous avez une console, un PC, voire un(e) game.com ? Super ! Nous avons une version de Resident Evil 2 pour vous !

▲ Une version Game Boy Advance a même été un temps prototypée !

▲ Resident Evil 1.5

Mizakido : Une belle brochette d’options et d’ajouts indeed, que Capcom ne s’amusera pas à réitérer sur les portages d’autres épisodes, probablement parce qu’ajouter une fonction « aléatoire » et quatre textures, ça coûte cher. Faut pas pousser (heureusement il y a les fans). Surtout que pour les autres épisodes, le développement a visiblement été moins chaotique que celui de Resident Evil 2. Petit rappel : juste après la sortie du premier épisode, Capcom s’est rapidement mis au travail pour nous pondre sa suite. Cette première version était particulièrement bien avancée (65-80%), et proposait non pas de contrôler Claire mais une certaine Elza Walker, étudiante et bikeuse qui ne croiserait jamais physiquement Léon, et elle était aidée par Sherry et l’armurier que l’on voit se faire bouffer au début du jeu final, sans oublier quelques modifications techniques avec bien plus de zombies à l’écran au détriment du nombre de polygones utilisés pour les modéliser. Cependant, cette version fût considérée comme ennuyeuse et se règlera par un gros retour en arrière, tout en gardant quelques éléments de gameplay et des bouts de décors, avec une mise en scène bien plus cinématographique donc. Cette ancienne version, nommée 1.5 par les joueurs, est d’ailleurs diffusée sur internet depuis début 2013 pour le plus grand bonheur des fans de la série, et constitue un des rares vestiges – parfaitement jouable – d’une époque où les développeurs ne partageaient rien de leur création avant leur ultime mise en production. Mais revenons à la version définitive : Resident Evil 2 reprend ni plus ni moins les bases de gameplay du premier épisode: manier un tank en 3D dans des décors fixes, récupérer tel objet pour l’utiliser dans tel endroit prévu à cet effet, ramasser des munitions, herbes médicinales, ouvrir des portes… Dont les célèbres animations n’ont pas été retirées de cette version Nintendo 64, ambiance et tradition oblige. On notera l’arrivée d’évolutions over the top (mais diablement géniales) pour les armes, ainsi que la possibilité d’agrandir son inventaire. Ensuite, ce second épisode rapporte beaucoup plus de dynamisme, on l’a déjà dit, avec davantage de situations explosives, une multitude de midboss plus nombreux qui viendront ponctuellement se mettre en travers de notre chemin de manière plus convaincante que les zombies et araignées, et, dans une moindre mesure, offrir un peu plus de résistance que les remplaçants des Hunters, à savoir les non moins célèbres et terrifiants lickers.

Vidok : La première rencontre avec le licker est d’ailleurs anthologique, avec le petit cliquetis caractéristique de ses griffes. Ainsi que l’angle de vue au début du couloir à travers lequel on perçoit l’ombre de la bête. Ce RE 2 mise beaucoup plus sur ses monstres que son grand frère : une mise en scène toute particulière a été réalisée à chacune de leurs interventions. William Birkin en est clairement le symbole, avec sa transformation qui ne cesse de se poursuivre. J’en ai d’ailleurs fait quelques cauchemars, enfant, puisque le design, horrible, fusionnait réellement l’humain et le monstre, une particularité extrêmement dérangeante. C’est également dans cet épisode où les prémices du Némésis sont utilisées au travers du T-103, version revisitée du T-002 affronté à la fin du premier épisode, dont le parcours croise nos héros dans leur second scénario. Capable de détruire les murs, il constitue une force de frappe considérable qu’il faudra souvent éviter… Le système de midboss sera d’ailleurs repris dans tous les épisodes suivants. L’équipe de Capcom a vraiment essayé de miser sur plusieurs peurs ici, entre les attaques surprises, le stress d’être poursuivi, le teasing d’horreurs à venir, la peur visuelle des créatures, … Même musicalement, l’œuvre est irréprochable avec un Masami Ueda, déjà présent sur le premier, sachant très bien instauré les sentiments voulus. Le thème du commissariat, à lui tout seul, ramène une foule de souvenirs en tête, à l’image de celui du hall de RE. Particulièrement dérangeante, l’OST impressionne, même en dehors du jeu.

Mizakido : En effet. Et par rapport au premier épisode, elle s’exprime un peu plus, avec des thèmes moins sombres, plus actifs et bien plus présents dans nos oreilles. Ce qui impressionne encore plus dans ce second épisode, c’est bien le contenu. Si dans le premier Resident Evil, Chris et Jill se baladaient dans les mêmes endroits du manoir, avec quelques situations différentes cependant, fort est de de constater que Capcom a mis les bouchées doubles en ne proposant non pas seulement une bête variation dans les énigmes, mais bien une véritable palette de personnages davantage travaillés et qui évoluent psychologiquement voire physiquement au fur et à mesure que l’histoire avance, des coéquipiers “actifs” pour Claire et Léon, qui progressent et survivent de manières totalement différentes dans Racoon City, avec des environnements propres à chacun, dans lesquelles on pourra admirer parfois, dans un aspect purement scénaristique, les événements intervenus dans le scénario A de l’autre personnage, avec une plus ou moins forte appréciation des conséquences dans le scénario B en cours. Enfin, il est admirable de voir le soin qui fût apporté aux bonus et autres sucreries : costumes supplémentaires (pas nouveau oui), armes surpuissantes, divers easter-eggs et surtout plusieurs modes de jeux, avec le célèbre « The 4th Survivor » où l’on dirige HUNK, agent spécial envoyé par Umbrella retrouver le G-Virus, le délirant et parodique « The To-fu Survivor », et enfin le mode « Extreme Battle », emprunt à la version Saturn japonaise du premier épisode, non présent dans cette version Nintendo 64. Compliqué tout cela.

Vidok : Les ventes de Resident Evil 2 avaient tout explosé à sa sortie, et c’était mérité. Extrêmement beau – et n’ayant finalement pas trop vieilli, notamment sur cette version N64, il constitue un peu tout ce que l’on recherche dans un bon survival horror. De l’action, un scénario (de série B, certes mais très honnête), de la peur, des environnements variés, une durée de vie plus que généreuse grâce aux 4 scénarios – sans compter les bonus cachés – et cette ambiance hors norme. Il s’agit tout de même de l’épisode à avoir révélé Léon et Claire, un duo éclatant, qui avait pourtant la très lourde tâche de succéder aux non moins charismatiques Jill et Chris. Quand on voit la popularité des personnages, maintenant, il est évident que Capcom a bien fait avec ce second volet. Ils ont su perfectionner leur formule, formule fortement copiée mais difficilement égalée. On en parlait déjà avec Carrier, sur Dreamcast, mais déjà, sur Playstation 1, le genre avait le vent en poupe. Avec son lot d’arnaques, notamment celle menée par certains hommes en noir…

E-N-O-R-M-E
Mizakido

Puissant !
Vidok