Interview Jehanne Rousseau – Camille Bachmann

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Archaic : Bonjour à vous deux, cette année, Spiders est de nouveau représenté aux Utopiales avec Jehanne, mais également Camille – qui va pouvoir également répondre à plein de questions. Mais la première sera tout de même pour Jehanne : De retour aux Utopiales ?

J.R. : Oui ! Il s’agit d’un évènement que j’aime bien même si l’organisation est par moment un peu folklorique. Le jeu vidéo est souvent représenté dans des évènements où il n’y a que du jeu vidéo, comme la GamesCom, l’E3 ou des salons plus pro comme la Game Connection. J’aime pourtant bien l’idée du Cross-média pour avoir un maximum de monde, que ce soit des écrivains, des dessinateurs de BD, des scénaristes, … Hélas, nous sommes pour l’heure cantonnés au niveau des conférences à des choses qui sont très jeux vidéo, même si on a la chance d’avoir des auteurs qui ont travaillé dans les deux médias, comme Laurent Genefort, à la fois auteur et « scénariste » de jeux vidéo. On essaie de mettre en avant le pôle jeu vidéo, avec Florent qui organise tout à ce niveau-là avec Fleur et David Calvo. Chaque année, nous y travaillons, chaque année, nous tentons de montrer que nous avons notre place ici, ce qui n’était pas quelque chose d’évident au départ. Nous tentons de montrer que le jeu vidéo est un média à part entière, et que la science-fiction est un sujet très souvent abordé dans le jeu vidéo.

C.B. : C’est dommage car nous avons un projet qui collerait bien avec ces interactions.

J.R. : C’est vrai que nous aurions aimé avoir des tables rondes avec des scientifiques pour parler un peu de Mars. Chaque média a sa vision. Notre vision est certes tout à fait personnelle et sans doute peu réaliste, mais nous aurions aimé discuter des éventuels possibles.

Archaïc : L’année prochaine peut-être ?

J.R. : Peut-être ! Mars sera sorti, donc ce sera autour d’autres projets, mais nous ne désespérons pas. Nous avons des projets qui tournent autour du fantastique, je pense donc que nous avons notre place ici. (rires) Ce qui était bien également avec cette année, c’est que nous présentons une expo sur Mars, ce qui collait à peu près au thème des Utopiales et ça permet d’avoir une exposition jeu vidéo plutôt sympa.

Archaïc : Et de rappeler un peu le jeu aux yeux du monde.

J.R. : Aussi.

Archaïc : Vu que le titre a disparu longtemps pour réapparaître il y a finalement peu de temps. Et c’est l’occasion également pour Camille de venir nous voir.

C.B : Exactement.

J.R. : L’occasion pour lui de présenter son workshop et son exposition.

C.B. : C’est la première fois que je fais ce genre de chose. C’est vrai que se faire applaudir par une salle entière, ça fait plaisir.

Archaïc : Vous êtes d’ailleurs quelqu’un de discret dont on entend assez peu parler.

C.B. : Je dois être un graphiste ninja. (rires) Je n’aime pas trop m’exposer. Ce n’est pas que je n’aime pas être populaire, mais je ne pense pas mériter ce genre de considération, en tout cas à l’heure actuelle, dans tous ces évènements.

Archaïc : Quel est votre parcours ? Aussi bien professionnel qu’en tant que joueur.

C.B. : Je jouais beaucoup. Je joue de moins en moins (petit regard vers Jehanne)

J.R. : Pourquoi me regardes-tu ? (rires)

C.B. : Ne t’inquiète pas ! C’est juste que je me dois d’être derrière le jeu, ou devant le jeu : il n’est pas possible d’être partout à la fois. Je joue donc moins mais je continue de me tenir au courant de ce qui se fait. Concernant mon parcours, je suis complètement autodidacte, et me suis formé notamment grâce à Internet. J’ai deux parents peintres, j’ai donc été plutôt encouragé dans cette voie. Je suis lyonnais et j’ai commencé à Phoenix Interactive, un studio qui est désormais fermé. Nous travaillions sur un jeu de cheval, de la série des Alexandra Ledermann. Cette première expérience était sympa, d’autant que c’était les débuts de la Wii et nous utilisions la wiimote et le nunchuk pour la première fois : cela servait à tenir les rênes du cheval. Je vous rassure : je n’ai pas dessiné de poneys ! (rires) Je m’occupais plutôt de la végétation et des décors.

J.R. : Si tu as réalisé des dessins de poneys, je veux bien voir, il doit y avoir du dossier ! (rires)

C.B. : Ensuite, je suis monté sur Paris pour trouver du boulot, car les boîtes de jeu vidéo à Lyon ne courent pas les rues. Il n’y en a plus beaucoup et celles qui y étaient ne m’ont pas répondu. A Paris, j’ai travaillé chez F4, sur leurs différents MMO, Exalight et Empire of Sports… Il a ensuite été assez dur de travailler pour SFR, vu qu’ils n’y connaissaient rien mais prenaient tout de même toutes les décisions. En fait, je n’ai pas eu tout de suite un poste de concept artist. Le temps que je fasse mes preuves, j’avais un poste d’artiste marketing, et je repassais derrière le Directeur Artistique. Après F4, je suis parti chez Ubisoft, sur un épisode de la série des Lapins Crétins, Travel in Time, qui s’est avéré plutôt créatif. On a notamment pu se faire plaisir sur les décors. J’ai donc toujours essentiellement travaillé sur des décors. Je dessinais juste quelques personnages chez moi, et c’est en allant chez Spiders que j’ai appris à devenir un peu plus polyvalent. Je suis arrivé au milieu d’Of Orcs and Men.

J.R. : Même avant.

C.B. : C’était début avril 2010 : je remplaçais un ami, ex-collègue, qui partait.

Archaïc : Vous faites donc désormais partie intégrante de Spiders.

C.B. : Oui. J’apprécie énormément le côté créatif de Spiders. C’est ce que je recherche. C’est bien plus épanouissant que tout ce que j’ai pu faire jusque-là. Pour avoir expérimenté les deux modèles d’entreprise, à savoir gros studio et petite équipe, je peux affirmer que c’est totalement différent. Ubisoft, comme Spiders, sont deux entreprises où j’aime travailler ; mais j’ai une préférence pour les boîtes un peu plus restreintes, afin d’être plus proche des gens. Ubisoft est principalement composé de groupes de travail, alors que chez Spiders, tout le monde se connaît. C’est l’esprit « garage ».

Archaïc : Oui, vous êtes une quinzaine des personnes à temps plein non ?

J.R. : C’est plus que ça ! (rires) Il y a désormais plus de 20 salariés, 21 exactement et en moyenne, nous sommes 35. Il y a donc une dizaine de free-lance. C’est vrai que depuis que Camille est là, si l’on prend Of Orcs and Men, la plupart des visuels, c’est lui qui les a faits. Il a bossé sur Mars, évidemment. Egalement sur un autre projet de recherche dont je ne parlerai pas trop car encore top secret.

Archaïc : Ah zut, j’ai une question dessus. (rires)

J.R. : (rires) Il bosse aussi sur un autre projet, qui a été en partie annoncé par Focus, Bound by Flame. Contrairement à Mars, il s’agit d’une demande. Lorsque nous avons parlé avec eux concernant l’édition de Mars, ils nous ont proposé de nous occuper d’un projet qu’ils voulaient sortir, à savoir un RPG, avec toutes les composantes RPG habituelles, mais dans un univers Dark Fantasy. Camille est surtout sur ce projet-là en ce moment. Nous avons donc beaucoup de projets en même temps et Camille est sur TOUS les projets. On a pensé à le cloner, mais il n’est pas d’accord (rires).

C.B. : Est-ce possible au moins ?

J.R. : Ecoute, il y en a qui l’ont fait avec des moutons. (rires)