Interview Eric Chahi – Jehanne Rousseau

Archaïc : Dernière question : Pourquoi les utopiales ?

EC : Pour la générosité du festival.

Auditoire : On vous voit assez peu sur des salons comme le Paris Games Week…

JR : En effet. Car mine de rien, les stands, il faut les payer, il faut pouvoir avoir les bornes. On ne peut pas spécialement se le permettre. Sortir les 3-4000 euros pour être présent sur des salons, en sachant que pour les salons professionnels type Games Connexion, c’est même plus 5000. C’est ultra lourd pour nous. Alors si on doit être aussi sur les salons grands publics où cela demande une mise en œuvre particulière, on ne peut pas assumer à notre échelle. En tant que développeur, on fait des salons purement pro, genre Games Connexion ou Games Com. C’est tout bête mais cela nous permet de discuter avec d’autres développeurs et pas seulement les studios parisiens. Des dévs hollandais, allemands, ukrainiens, … et avoir des échanges assez fructueux. Cela permet de rencontrer les éditeurs, car ils sont loin d’être tous méchants hein. Ainsi que la presse. Le tout pour un coût relativement raisonnable. Cela reste cher, mais pendant 3 jours, on voit et fait plein de choses.

EC : il y a la GDC également.

JR : Là aussi, cela permet de voir ce qui se fait et de parler des nouveautés. Après concernant les Utopiales, j’étais déjà venue plusieurs fois. Pas du côté jeux vidéo, car il n’y en avait pas trop. J’ai été contactée par des gens qui voulaient lancer une partie jeu vidéo ici, au travers notamment de la Game Jam. Pour moi, c’était une évidence : on aurait du parler du jeu vidéo depuis longtemps aux Utopiales. Le jeu vidéo et la SF sont quand même intimement liés.

EC : Les jeux vidéo ont clairement leur place ici. Ce serait chouette dans les années futures que cela puisse se développer. J’ai vu que David Calvo faisait partie de tables rondes littéraires. Ce qui est bien car finalement, c’est vraiment intéressant de ne pas avoir de clivages trop forts et montrer que cela touche tout le monde.

JR : Le jeu vidéo est certes un média mais c’est surtout cross média. On travaille avec des scénaristes, des musiciens, des réalisateurs parfois, des illustrateurs, … il y a plein de monde qui intervient. Cela fait d’autant plus sens  de pouvoir échanger avec des gens qui sont romanciers ou dessinateurs, et qui vont soulever des questions sur le thème. Cela ne veut pas dire qu’il faille forcément s’inspirer de ces métiers-là mais comme cela peut être intéressant de discuter avec d’autres développeurs, cela peut être intéressant de parler avec d’autres penseurs. Cela permet, qui plus est, de parler du jeu vidéo en tant que tel, qui n’a pas encore si bonne presse. C’est pour cela que j’ai proposé un atelier de présentation du jeu ici aux Utopiales, et pour présenter comment cela se passe. Pour démystifier les choses et faire véhiculer l’information, pour que ce ne soit pas une boîte noire « c’est mal, c’est fait par des mecs codant au fond de leur garage en mangeant des pizzas ». D’autant que les gens  qui vont à la Game Jam voient que c’est vrai… (rires) Ou au contraire, l’image qu’ont les jeunes générations, c’est-à-dire une image de super-héros qui bossent toujours sur des jeux énormes, trop biens et qui roulent tous en Ferrari comme Carmack.  Je voulais vraiment démystifier cela.

EC : L’expo au Grand Palais qui vient d’ouvrir, je trouve cela bien. Je pense que la perception du jeu vidéo est en train de changer…

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  1. Une lecture vraiment intéressante, instructive et rafraîchissante. On ne voit pas passer les six pages ^^.

    Tout le monde connaît Eric Chahi bien sûr, mais grand coup de cœur pour la découverte de Jehanne Rousseau. Je connaissais le studio Spiders grâce aux quelques news sur Mars qui m’avait tapé dans l’œil pour son atmosphère (et puis un RPG français, c’est rare). Je vais d’ailleurs sans doute me prendre Faery que j’avais totalement oublié sans trop tarder.

    En tous cas, je ne connaissais pas du tout la femme à la tête du studio et voir une développeuse qui parle de son boulot avec beaucoup de passion et de spontanéité (et sans aucune langue de bois, ce qui ne gâche rien)… eh bien, ça fait très plaisir ^^.

  2. Une excellente interview qui laisse naturellement transparaître toute l’implication et la passion du métier que partagent Eric Chahi et Jehanne Rousseau. Les sujets abordés sont variés, chaque question amène à un point de vue intéressant, et comme dit plus haut il n’y a ni langue de bois ni discours préformatés pour venir gâcher l’entretient.

    Autrement Mars est un titre que j’attends depuis sa première présentation, et je compte aussi me prendre Faery à l’avenir sachant que son univers m’avait grandement intrigué dès les premiers trailers.

    En tout cas la discussion autour des jeux Bioware m’a beaucoup amusée en deuxième partie, sachant que j’ai eu à peu de choses près les mêmes échos en provenance d’autres professionnels que je côtoie, et c’est un avis qui semble assez répandu dans le milieu.

  3. Merci pour l’interview, et ton déplacement là-bas a donc été très très fructueux Vidok:)

    @Altraum :

    « J’ai l’impression de regarder des films hollywoodiens à la pelle et ça m’ennuie. Ce n’est pas ce que je cherche dans le jeu vidéo. »

    Tu me connais suffisamment bien pour savoir à quel point je plussoie cette phrase. Sinon Faery avait l’air sympa pour ce que j’en ai fait (la démo). Seuls les contrôles étaient déroutants dans un premier temps.

  4. Oui, ils ont été très francs, et je les ai en remercie. C’était passionnant de les écouter parler de leur vision de l’industrie actuelle, ainsi que des difficultés que peuvent rencontrer les petits studios. Et ce qui est vraiment bien dans ces deux créateurs, c’est qu’ils sont passionnés. Cela se voit et se sent. Il suffisait de voir l’oeil brillant d’Eric Chahi lorsqu’il parlait des jeux indépendants tels que Minecraft. J’ai réellement hâte de découvrir son futur projet, tout comme Mars du côté de Spiders. Un jeu que j’attendais beaucoup et que j’attends encore plus maintenant que je sais qu’il est planifié à l’année prochaine. Reste que Of Orcs and Men semble très très bien parti pour me tenir d’ici là. ^^

  5. J’avais un peu tardé à la lire parce que je pensais que j’aurais mis des heures à me la taper dans son intégralité. Eh bien, force est de constater que ça se lit bien plus vite qu’on ne le pense et en plus, ça se lit facilement. C’est vraiment intéressant car nous, en tant que joueurs, on peut avoir notre perception quant à l’industrie vidéo-ludique mais on se rend compte que raconté par des gens intérieurs, nos opinions et hypothèses sont peut-être à côté de la plaque.

    Et j’admets que j’ai adoré découvrir Jehanne Rousseau, bien plus haute en couleur et disposant de bien plus de gnak que son collègue Eric Chahi, plus réservé. Ça doit vraiment être une personne avec qui il doit être très intéressant à discuter dans le cadre d’une interview « privée » (à comprendre, pas sous forme de conférence publique) où il est plus facile justement d’avoir une vraie conversation et non le schéma « questions/réponses ». Mais également d’avoir peut-être quelques détails croustillants (même si au final qui ne seront pas publiés).

  6. Je viens du blog de Dilannokaze où tu avais lâché un très méchant commentaire qui ramené à cet article. Oui vous pouvez le lyncher 😉

    Sérieusement, je suis heureux d’avoir croisé le chemin de ce site. J’ai appris pleins de trucs et ça me donne envie de me plonger dans un bon petit projet de création ! On sent vraiment la passion, l’engagement et l’env II e de faire des choses originales. Du rêve en boîte.

    Petite adresse web, tu vas faire un tour dans mon flux RSS…

    1. Je ne vois pas en quoi j’ai été méchante, d’autant plus que c’est toi qui a été de ta critique pour le billet à la base de ta venue. Et puis, il n’y a pas de mal de défendre son petit bout de gras de temps à autre et la preuve, ça m’a l’air de fonctionner 😉

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