Albator : Corsaire de l’Espace

Albator, Albator, Du fond de la nuit d’or, Albator, Albator, De bâbord à tribord, Tu veilles sur la galaxie, Sur la liberté aussi… Sur ces belles paroles s’ouvrait le générique français d’Albator, comme des milliers de fans français s’en souviennent, nostalgiques. Albator a marqué une génération et cette même génération attendait fébrilement l’adaptation, en film, de leur série, un film tourné avec de véritables acteurs mais entièrement réalisé en images de synthèse, à la japonaise. Trente millions de dollars, cinq ans de production, l’attente est immense, peut-être trop pour Shinji Aramaki…

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albator_corsaire_de_lespace_002Il entame son récit par l’arrivée du jeune Yama au sein de l’équipage de l’Arcadia, le célèbre vaisseau spatial dirigé par le légendaire Albator (Harlock dans la version originale). Albator file entre les doigts du conglomérat Gaïa depuis près d’un siècle. Le secret de sa longévité reste entier, effrayant certains, fascinant d’autres. En tout cas, il ne laisse personne indifférent, surtout pas son équipage complètement voué à sa cause. Celle-ci, nul ne la connait et le récit se garde bien de nous la dévoiler d’entrée de film. Il s’attarde plutôt à nous faire connaître les protagonistes qui accompagneront notre héros balafré et surtout ceux qui s’opposent à lui. Albator oblige, des batailles spatiales sont au programme et mettent en scène des dizaines de vaisseaux. L’avenir du monde des humains est en jeu, les scénaristes aiment nous le rappeler. Merci à eux mais il n’en faut pour autant pas oublier l’essentiel, à savoir un rythme de narration capable de captiver le spectateur.

albator_corsaire_de_lespace_003Plutôt bien découpé, le film ne laisse finalement que peu de temps mort, à l’exception de quelques flashbacks, à la japonaise mais nécessaires à la compréhension des motivations de chacun. Le script ne recèle pas des myriades de révélations, mais sait ménager le suspense de manière efficace, jusqu’à un final logique et assez convenu. Encore une fois, la sagesse japonaise reprend le dessus pour offrir une œuvre plutôt consensuelle à même de plaire à un maximum de personnes. Cette hantise de soudoyer le public occidental se ressent même dans l’ablation d’une quinzaine de minutes du film originel, afin de convenir encore un peu plus au spectateur européen ou américain moyen. Albator se doit d’être international et cela se sent. De grands et (très) beaux effets spéciaux sont là pour concurrencer les meilleures productions hollywoodiennes. Rarement des batailles n’auront paru aussi spectaculaires et les personnages, pourtant faits de polygones, aussi réalistes dans leur animation ou leur modélisation. Avec du budget, les japonais montrent une nouvelle fois – s’il le fallait, depuis The Spirits Within, le prouver de nouveau – leur savoir-faire en la matière.

albator_corsaire_de_lespace_004Mais une réalisation technique ne fait pas tout, le rythme a beau être plutôt bon, le côté légèrement aseptisé des émotions et le manque de profondeur – bien que le récit tente pourtant d’y remédier – des personnages font espérer, sans cesse, les interventions d’Albator. Remarquables, elles font regretter que le héros de la caméra – si l’on peut dire – ne soit que Yama, d’un classicisme absolu retournant sa veste dès l’occasion s’en fait sentir. Le scénario fait montre de nombreux éléments mal exploités donnant à la fin un petit goût amer, un petit goût de gâchis tant la matière (noire, oh oh) était présente. Peut-être le script aurait viré dans un résultat un peu plus complexe pour le chaland, peut-être. Peut-être également que Shinji Aramaki, en voulant faire un peu trop plaisir aux fans aurait pu s’abstenir d’une scène de douche, nue, d’une inutilité complète, et étonnamment laissée dans la version courte. Qu’est-il donc passé dans la tête des producteurs, telle est la question qui restera longtemps sans réponse.

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Albator Le Capitaine Corsaire est et restera longtemps un des fleurons de l’animation japonaise, tant c’est beau. Vraiment. Le paquet a été mis dans les effets spéciaux. Dans le doublage également puisque les seiyu respectent parfaitement leurs personnages, le petit plus de la VO, rappelant tout le savoir-faire japonais dans ce domaine. Décidément, Albator représente tout ce que l’on aime et déteste dans l’animation japonaise, à savoir un visuel ébouriffant, des voix excellentes et un univers fascinant, mais il est nécessaire, pour bénéficier de tout cela, de subir des émotions toujours plus exagérées – rien d’aussi dramatique que dans Space Battleship Yamato – et un fanservice au détriment du tout. Malgré ce final légèrement négatif, il en ressort tout de même un très bon divertissement, peut-être trop attendu d’où son cul entre deux chaises, si vous me passez l’expression. Qui sait, la suite apprendra-t-elle à s’assoir…

[spoiler intro= »Avis de Lolita »]

Etant une jeune femme (si si je vous jure !), mon enfance a été plutôt bercée par Sailor Moon plutôt qu’Albator… Mais bien sûr, je connais le générique français, très bien, l’histoire, grossièrement, et surtout le design, très particulier, de l’anime. C’était donc avec une grande impatience que j’attendais cette adaptation, et je n’étais pas la seule. Grâce aux Utopiales, ce sont donc 800 chanceux (ou guerriers parce qu’il a fallu se lever tôt pour espérer avoir une place) comme moi qui n’auront pas attendu le 25 décembre 2013, mais cette impatience a un prix : la qualité de la traduction réalisée apparemment très rapidement, mais ne jetons pas la pierre aux Utopiales, qui n’ont obtenu le film que tardivement. Me considérant comme la spectatrice “de base”, je suis restée émerveillée par le magnifique travail d’animation, l’histoire n’apporte certes rien de nouveau, mais ce n’est pas réellement ce qu’on lui demandait… En revanche, le rythme soutenu de l’histoire a conduit a des sous-titrages avec un enchaînement bien trop rapide, ce qui a laissé plus d’une fois en plan la très lente lectrice que je suis…

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